Cliff Coulanges : Hommage aux damnés de notre économie !

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Hommage aux damnés de notre économie !

Le groupe Règleman Afè Popilè ( R.A.P) propose dans sa musique intitulée SSTOP une analyse très profonde de l’existence de la classe ouvrière et des personnes marginalisées de notre système de production basée en majorité sur la perpétuation des privilèges d’une certaine classe : celle possédant les capacités productives et menant des mains de maître l’architecture administrativo- financière de l’Etat à travers des hommes et femmes politiques acquis à leurs causes.




Cette classe ouvrière composée entre autres d’ ouvriers d’usines , de commerçants ambulants, d’ouvriers agricoles ( paysans) fait face à une volonté systématique de marginalisation ; de récupération de ses espoirs à travers les promesses d’un « hypothétique ciel » , et surtout des conditions matérielles quotidiennes qu’elle essaye de confronter.

« Nou sonw ras moun, yon klas moun kap pote tea sou koun, kap pote tout moun sou koun … » ( VAVA)

La voix puissante et plaintive de cette jeune chanteuse ( VANESSA Jeudi , VAVA) dénonce les artifices sociaux supportés par des « religions importées » visant fondamentalement à créer l’illusion d’une meilleure vie dans la jouissance d’un paradis. « Malere tout fòs li se manchèt , se pikwa se latè , sal pral chèche nan lapriyè ».Elle reprend le refrain de la musique d’Emmanuel Charlemagne titré MALERE

VAVA rend hommage à ce courage presque originel des membres de cette classe ouvrière marginalisée. Elle critique par ailleurs le fait que cette économie repose totalement sur la force de travail de personnes pouvant à peine renouveler cette force de travail

L’hypothèse de les voir cesser de faire fonctionner les moteurs de l’ économie haïtienne serait catastrophique notamment pour cette infime catégorie de moins de 5 % jouissant de la maigre croissance de cette économie fonctionnant – comme aux époques médiévales – sous forme de seigneuriage( les masses populaires produisant pour le maintien des largesses de la vie des seigneurs).




Elle pointe du doigt cette perspective tant redoutée d’une forme très radicalisée de refus d’accepter l’exploitation à travers un soulèvement qui aurait peut- être comme conséquence le blocage de cette reproduction rachitique et primitive de ce pseudo-capitalisme imposé à Haïti à travers les politiques libérales via les « instituions financières oppressives » dont le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale .Ces institutions qui produisent en fait de l’inégalité et de la pauvreté . « Jou nou ta di nou pap chante, nou pap danse, Ap gen rèl kay Makorèl.. » ( Paroles tirées de la chanson Malere d’Emmanuel Charlemagne) .

Règleman Afè Popilè – ( SCHILL) – met à nu les inégalités criantes matérialisées entre d’une part, la jouissance de certains privilèges inhérents à la classe possédante et d’ autre part, la somme des sacrifices consentis pour perpétuer ces jouissances.

Les conditions précaires de cette classe poussent souvent « ses membres » à hypothéquer le peu de revenus à travers les taux usuriers de prêts dénommés PONYA.Ceux qui travaillent sont ainsi condamnés à produire de la pauvreté et à ne vivre qu’une lointaine survie à travers une salvatrice solution.

« Se tet kole ki solisyon pèp » , le refrain proposé par Emmanuel Charlemagne initié l’idée d’une coalition de forces populaires dans la perspective de faire face à cette coalition voulant rendre éternelle les privilèges de quelques-uns !

La perspective de remise en question de cet état de fait pousse R.A.P ( ARDY) qui porte sans gêne ce discours radicalise et révolutionnaire , ce discours d’émancipation de cette classe dont même rêver de posséder un lopin de terres lui est interdit.

Les méandres du néolibéralisme sont selon R.A.P. (MOZO) la principale cause de la consolidation de ses inégalités. Cette révolte imminente des exploités déconstruira ce dialogue social à sens unique. Ainsi , les origines sociales des pauvres ne détermineront plus leurs vécus ! « Mwen bezwen ide lojik ki vize met fen nan doul è mas yo… ». (MOZO)




Les madan sara, les ti machann, les paysannes sont également celles qui ne sont pas conviées lors des célébrations sociales alimentées par leurs labeurs. Ils sont souvent victimes d’une ingratitude dans le tissu même de leur noyau familial notamment en supportant à la fois l’injustice de leurs conditions, celles de l’Etat les déguerpissant sans cesse , mais aussi de compagnons fumistes et paresseux. R.A.P- (Mawon Ann Di) – rend ainsi hommage à cette catégorie de femmes qui n’ont pas le plaisir de manucures et de parfums de luxe et de la douceur d’un lit douillet.

Règleman Afè Popilè ( R.A.P) est un groupe à tendance RAP .Icône dans le monde universitaire du discours anti-système , ce groupe dresse dans ses chansons l’analyse crue de l’exploitation des classes populaires.

Ce groupe n’a sans doute pas choisi de se faire icône de ce cri anti-libéral ! Toutefois, en cristallisant les desiderata de cette catégorie dont les voix ne sont pas relayees par les medias préoccupés à produire d’autres formes de préoccupations rendues fondamentales avec la mondialisation. Il fait heureusement parti de cette catégorie trop peu nombreuses d’artistes engagés dans cette lutte contre ce système ayant pour surnom « peze souse ».

Cliff Coulanges

Premier Secrétaire de la Ligue des Jeunesses Socialistes ( LJS / ASO)

 

 

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