Les obstacles à franchir pour organiser la diaspora haïtienne! par Kerlens Tilus

1
1112

Lundi 13 août 2018 ((rezonodwes.com))– Suite à un article que j’ai rédigé hier après-midi sur une éventuelle mobilisation de la diaspora haïtienne à la manière de la diaspora roumaine pour lutter contre la corruption et le système peze souse, plusieurs internautes m’ont écrit pour me demander des précisions sur le sujet. C’est toujours un réel plaisir de répondre à l’appel vu que nous sommes du sérail. La notion de diaspora haïtienne est une notion plus ou moins complexe. Il n’y a pas un organisme à part entière qui produit des recherches sur la diaspora haïtienne.




Certains tendent à croire que la diaspora haïtienne est homogène, ce qu’elle n’est pas. Le même problème de leadership et les vices des hommes en position de leadership en Haïti sont les mêmes vices qu’on recèle chez les hommes et les femmes de la diaspora. Il y a certes une velléité d’organiser la diaspora haïtienne, mais au fond il y a une force anti-diaspora qui est anti-progrès et anti-changement. Il est démontré que si la diaspora haïtienne est organisée, elle portera les politiciens corrompus en Haïti à changer leur fusil d’épaule. Voilà pourquoi l’opposition à toute organisation de la diaspora haïtienne vient d’abord d’Haïti. Il y a une tendance de la part des soit disant leaders de la diaspora à supporter le pouvoir en place en Haïti et le statu quo. Tous les chercheurs qui interviennent sur la question de la diaspora haïtienne sont unanimes à reconnaître qu’elle est une force qui somnole et qu’elle est le dernier rempart d’Haïti.

Durant les années 60, 70 et 80 les mobilisations au sein de la diaspora visaient à renverser la dictature en Haïti. Bien qu’il y avait des leaders capables, ils ne visaient pas à mettre sur pied une structure viable pour tacler les problèmes domestiques de la diaspora. Durant les années 90, la diaspora haïtienne défendait corps et âme le pouvoir lavalas. Et il y a toujours cette dichotomie : macoute vs lavalas qui explique que les hommes et les femmes de la diaspora ne veulent pas s’entendre pour mettre en place un agenda pour prendre en mains la diaspora haïtienne. En 2010, sous l’instigation du Département d’Etat Américain, a pris naissance le HDF (Haitian Diaspora Federation).

C’était une organisation que le gouvernement américain et Bill Clinton avaient sponsorisé pour porter son appui à la reconstruction. Les ténors de HDF étaient des béni oui oui qui ne faisaient qu’approuver tout ce que faisait Bill Clinton au sein du CIRH. LE HDF était une sorte de bras armé du CIRH qui faisait de la propagande, qui rassemblait les intellectuels haïtiens pour être embobinés dans les combines du CIRH. Puisque le HDF n’était pas réellement une organisation qui était fondée pour défendre les intérêts de la diaspora haïtienne et d’Haïti, il n’a pas fait long feu. Déjà dès 2012, les dissensions au sein de cette organisation étaient connues de tous. Depuis le dernier colloque organisé à l’OEA en Octobre 2012, l’organisation a cessé d’exister. Pour avoir fréquenté le leadership de HDF, je peux dire sans ambages que les ténors de cette organisation étaient des suppôts du Département d’Etat Américain et de Bill Clinton.




Le HDF a joué un rôle prépondérant dans le choix de Michel Joseph Martelly comme président de la République. C’est Joseph Baptiste lui-même qui a joué le rôle d’intermédiaire entre l’équipe de Michel Martelly et le Département d’Etat Américain. C’est à juste titre quand certains Haïtiens en Haïti disent que le pouvoir Martelly était le pouvoir de la diaspora. Les ennemis de la diaspora voulaient boycotter tous les efforts des bien-pensants de la diaspora. En effet, c’est avec l’aide de HDF qu’un tas de professionnels résidant en Amérique du Nord ont descendu en Haïti pour aller faire leur beurre. Ils ont aidé Michel Martelly et ses alliés à dilapider les fonds du Petrocaribe. Dans l’esprit d’Hilary Clinton en portrayant Michel Martelly comme élément de la diaspora, on allait finir par discréditer la diaspora. Mais, puisque nous savons que le leadership de la diaspora n’est pas assumé, il est difficile de faire comprendre à quiconque qu’il y a une certaine homogénéité au sein de la diaspora haïtienne. C’est avec le CIRH et la Fondation Clinton que nous avons réalisé à quel point le Blanc haïssait Haïti.

De 2010 à 2012, il y avait un effort déployé par les compatriotes de la diaspora pour reconstruire en Haïti. Des ingénieurs ont préparé des plans, des universitaires ont proposé des projets d’université. Des groupes de médecins se sont unis pour proposer une réforme du système de santé en Haïti. C’est là que le GRAHN allait faire son entrée. Malheureusement, on ne voulait pas de ces organisations qui pouvaient défendre réellement en Haïti. Le GRAHN allait connaitre la déception quand son représentant au sein du CIRH a été intimidé et menacé même par Bill Clinton à une réunion à Santo Domingo. Jean-Marie Bourjolly réclamait de la transparence au sein de la gestion des fonds du CIRH. D’autres voix comme Suze Filippini, réclamaient plus d’ouverture. Les Haïtiens qui faisaient partie du CIRH étaient négligés. C’est Jean-Max Bellerive comme commandeurs d’esclaves qui menait la danse à côté de Bill Clinton. Voilà pourquoi le CIRH a accouché d’une souris et jusqu’à présent personne n’a su combien d’argent cette structure a reçu et ce qu’on a fait de cet argent.

C’est en fonction de toutes ces dérives que les professionnels haïtiens de la diaspora, surtout de la diaspora étatsunienne sont méfiants vis-à-vis de ceux qui s’affichent comme leaders au sein de la diaspora. Il n’y a pas des organisations viables au sein de la diaspora haïtienne. Vous trouvez quelques éléments éparpillés qui sont financés par le Département d’Etat Américain, le secteur privé haïtien pour supporter le pouvoir en place en Haïti. Durant la semaine de la diaspora, ils rentrent en Haïti pour porter leur support au gouvernement en Haïti. Ils ne dénonceront pas la mauvaise gestion du pays ni la corruption. Nous avons l’impression que les patrons de la diaspora haïtienne sont au Département d’Etat Américain et en Haïti. Le plus grand handicap auquel font face les bien-pensants qui veulent organiser la diaspora haïtienne c’est la division et le tikouloutisme. Tout le monde veut diriger. L’esprit de service est absent.




C’est le m’as-tu vu sur toute la ligne. La masse des Haïtiens ne sont pas motivés vu qu’ils sont trop habitués avec des magouilleurs qui ne veulent qu’à faire de l’argent et se promouvoir. A un certain moment, toutes les structures de la diaspora étaient infiltrées par les suppôts de Bill Clinton. C’est avec l’arrestation de Joe Baptiste pour trafic d’influence que le terrain est plus ou moins calme et que des gens de bonne volonté puissent se réunir pour discuter de l’organisation de la diaspora. Il y a toujours eu une mainmise avec ces messieurs qui étaient au service exclusif du Département d’Etat Américain. C’est eux qui emmenaient les politiciens haïtiens au Département d’Etat pour recevoir la bénédiction du blanc.

Les Haïtiens doivent avoir une organisation qui leur est propre et qui soit financée par eux-mêmes pour servir les communautés de la diaspora et Haïti. Il y a une réticence de la part des hommes et femmes intègres de la diaspora haïtienne à venir collaborer sachant que les ténors de n’importe quel mouvement ont toujours un agenda caché. Les leaders aux Etats-Unis d’Amérique et au Canada veulent toujours avoir la mainmise sur toute organisation représentant la diaspora. Il faut aujourd’hui trouver une formule pour organiser les Etats-Généraux de la diaspora haïtienne, une sorte de dialogue permanent pour déterminer de l’orientation que l’on veut donner à la diaspora haïtienne.

Toute structure viable de la diaspora haïtienne serait d’abord au service des communautés de la diaspora et de la population haïtienne. La diaspora en tant que main qui nourrit Haïti peut se constituer en une force économique. Chat échaudé craint l’eau froide. Quand on parle d’argent au sein de la diaspora haïtienne ce qui vient en tête c’est l’expérience malheureuse du VOAM (Voye Ayiti Monte) où des lavalassiens ont détourné plus centaines de milliers de dollars qui étaient destinés au peuple haïtien. L’Haïtien est méfiant partout et en tout, et on ne peut pas le blâmer vu qu’il y a toujours de précédents. Aujourd’hui, tout le monde connait les hommes et femmes intègres des communautés de la diaspora haïtienne qui ne sont pas des suppôts de Bill Clinton et du Département d’Etat Américain. Nous n’avons nullement besoin de designer les bandits légaux du doigt. Leurs actes les suivent. Aujourd’hui, nous voulons redonner confiance aux Haïtiens de la diaspora.

Mettre sur pied le Secrétariat Général de la Diaspora Haïtienne n’est pas chose facile vu que nous devons composer avec toutes les tendances et inviter tout un chacun à la table de négociation. C’est un travail de longue haleine. D’où vient le pouvoir des leaders de la diaspora haïtienne ? Par quoi reconnait-on un leader ? Il faut redéfinir la nation du leadership au sein de la diaspora haïtienne. Fini le temps où tout médecin, tout avocat et tout entrepreneur se croyait être les ténors au sein de nos communautés. Leur leadership était reposé avant tout sur leur bourse. Nous avons besoin de gestionnaires capables de penser et d’agir en faveur de la communauté. Nous n’avons pas besoin de leaders-artistes qui font du show-off. Un seul penseur ne peut pas accoucher tout seul les idées pour mettre en place cette structure viable. Il faut la conjugaison des efforts de plusieurs cerveaux, la mise en commun des idées de plusieurs hommes et femmes compétents, capables, intègres et honnêtes. Le temps est à l’action.

Nous devons agir bien et vite. Je suis convaincu pour que le changement arrive en Haïti, il est impératif que la diaspora s’organise et donne le ton. Il faut un commitment à cette noble cause. Nous avons déjà dit que servir est notre destinée, serviteur est notre seul titre et profession. Nous nous engageons corps et âme dans cette lutte. Nous partons en guerre contre tous ceux qui croient que la diaspora haïtienne doit toujours rester à l’arrière-plan comme une bande désorganisée. Comment amener sur une même table les dignes fils de la diaspora haïtienne de tous les coins et recoins ? C’est la question que je pose à tout un chacun, et nous allons essayer de collecter les réponses afin d’arriver à une formule viable qui marche.

Le dilemme haïtien ne peut pas être résolu avec les mêmes éléments qui l’ont créé. Il faut du sang neuf. Il faut une autre mentalité. Il faut une autre façon de faire, il faut un autre leadership. L’organisation de la diaspora haïtienne me tient à cœur et je ferai de ce combat mon cheval de bataille. Je continuerai à intervenir sur les problèmes inhérents à la société haïtienne, mais mon terrain de combat est la diaspora haïtienne. Nous devons inspirer confiance et nous devons assumer ce leadership. Il ne revient pas à un seul homme de faire tout ce travail, voilà pourquoi on parle de leadership collectif. Au fur et à mesure qu’on avance dans le dialogue et les négociations avec les frères et sœurs de toutes les communautés de la diaspora, on fera entendre nos voix. Nous devons nous départir de la haine, de la jalousie, de l’orgueil et de la méchanceté pour embrasser l’unité dans la diversité, la liberté, l’égalité, la fraternité et l’union fait la force. Nous sommes partis gagnants parce que notre intention est noble et nous voulons le bien de tous. Unissons-nous pour faire de la diaspora haïtienne une force à tous les niveaux.

Kerlens Tilus
08/12/2018
Futurologue/ Templier de Dieu/ Écrivain
Snel76_2000@yahoo.com
Tel : 631-639-0844

1 COMMENT

  1. Gen 2 konsepsyon de dyaspora a. Gen yon konsepsyon boujwa, kapitalis, reyaksyonè, oubyen lacharite de dyaspora a. Gen yon konsepsyon revolisyonè de dyaspora a. Konsepsyon kapitalis de dyaspora a plis wè pou dyaspora a òganize tèt li kòm yon fòs ekonomik ki kapab ale envesti ann Ayiti pou fè pwofi. Se kòmsi nou pa gen ase vòlò nan peyi a kap prije, peze souse, eksplwate pèp la deja pou fè pwofi sou pretèks yap bay travay. Konsepsyon sa a reyaksyonè ki vle di moun ki entènalize konsepsyon sa a mete ann avan enterè ekonomik ak finansyè pèsonèl yo sou do pèp travayè Ayisyen an e kont enterè fondamantal pèp la. Sa se esans LA REYAKSYON!!!

    Gen moun ki konn wè yap vanse nan de pwojè charitab tankou pa ekzanp gwoup rejyonal yo. Yo fè fundraising pou finans de pwojè tankou voye ponp dlo, ponpye, anbilans elatriye nan rejyon kote yo sòti. Tout demach ak inisyativ sila yo fè fayit nan lansanm. Toutotan, se yon savann Ayiti tounen kote se yon bann vòlò, koriptè ak kowonpi ki opouvwa, peyi a pap òganize yon fason pou pèmèt ke aksyon dyaspora a vreman efikas e rive gen enpak pou li ta genyen an.

    Nan konsepsyon revolisyonè a, nou wè dyaspora a pa omojèn jisteman paske li divize an klas sosyal e entegre de klas sosyal espesifik ki pwòp a peyi adopsyon yo. Ann esans, dyaspora dorijin Ayisyen yo entegre swa klas boujwazi/kapitalis la, tiboujwazi eze a oubyen defavorize a, Ouvriye, travayè, oubyen soupwoletè. Sa fè ke materyèlman ak ideyolojikman, rapò yo ak Ayiti chanje tou. Se pa Ayiti ki preyokipasyon premye yo. Sa ki preyokipasyon premye yo konsenen defans enterè klas yo nan peyi adopsyon yo. Kouman yo defann enterè klas yo? Se nan travay kote yo ye yo defann enterè de klas yo ansanm ak moun ki nan menm klas ak yo nan peyi adopsyon an. E se nòmal.

    Pou nou, se nan batay travayè dorijin Ayisyen yo nan peyi adopsyon yo ke yap konprann e wè nesesite pote boure a lit otonòm travayè parèy yo nan peyi d Ayiti. E pote boure sa a ap vin pi òganize, pi sistematik, e pi fò nan yon liy pwoletaryen a moman kote yon direksyon pwoletaryen ap sistematize l ak presize l nan peyi a menm.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.