Le successeur d’Otto Pérez Molina, démissionnaire après un scandale de corruption, sera élu le 25 octobre. Le fantaisiste Jimmy Morales sera opposé au second tour au millionnaire Manuel Baldizón ou à l’ex-première dame Sandra Torres.
L’animateur de télévision et humoriste Jimmy Morales a obtenu plus de 25 % des voix lors du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 6 septembre.
Le score obtenu marque une volonté de rupture avec la classe politique traditionnelle, alors que l’ancien président accusé de corruption est en garde à vue.
Jimmy Morales, le gag
46 ans, candidat du FCN (Front de convergence national).
Résultat au premier tour : 24% des voix.
En juin, le sondage qui donnait pour la première fois 10% des intentions de vote au fantaisiste Jimmy Morales a stupéfié les observateurs : personne ne misait un quetzal sur sa candidature. A 39 ans, il a pour principal atout sa notoriété médiatique : son show télé Moralejas(«Moralités») amuse depuis quinze ans le pays et la diaspora grâce aux personnages de Neto et Nito (interprétés par Jimmy et son frère Sammy), archétypes de péquenots nigauds. Le duo est aussi le héros de plusieurs longs métrages de cinéma dont l’un, Un président au grand chapeau, montrait Neto arriver à la magistrature suprême.
On rit moins quand on sait que Jimmy Morales porte les couleurs du Front de convergence national (FCN), jusqu’à présent un microparti créé en 2004 par des militaires pris à partie par des parents de victimes de la sale guerre menée contre les communautés indiennes dans les années 80. Ces crimes contre l’humanité, dont le bilan est chiffré par l’ONU à 200 000 morts, n’ont quasiment pas été jugés, et le programme très conservateur de Jimmy Morales n’en parle pas. Pas plus qu’il ne propose la moindre mesure de lutte contre la corruption. Ses meetings n’ont pas révélé un grand talent d’orateur, ni un niveau de blagues très élevé : «Je vous ai fait rire pendant quinze ans, désormais je vous promets de ne pas vous faire pleurer», lance-t-il à la fin de ses réunions publiques.
