14 raisons expliquant cette levée de boucliers contre Jovenel Moise

par Claude Carré

Jovenel Moise : Là où le bât blesse –

Jeudi 21 septembre 2017 ((rezoonodwes.com))– Après seulement 7 mois au pouvoir, Jovenel Moise se trouve confronté à une grave crise socio-politique. S’il est vrai que les revendications se cristallisent autour du budget qualifié de « criminel », les raisons de cette montée de boucliers sont sans doute multiples.




1. Jovenel Moise est en manque de légitimé. Seulement 600.000 voix l’ont hissé au pouvoir lors d’un processus électoral pénible, émaillé d’incidents.

2. Il est novice en politique, ne comprend pas la vertu des alliances. Il n’a pas su (pas pu) préserver l’unité du PHTK, en dépit que PHTK et alliés soient majoritaires au Parlement. Exemple, l’ex Premier Ministre Evans Paul commence à se muer contre lui.

3. Il a un style caudilliste, anachronique qui déplait énormément. C’est le président « point barre » ; en plus c’est lui qui fait tout et pense tout : la vision, les études, les suivis, les implémentations… Son Premier Ministre est pire qu’un portrait. Il a quatre porte-paroles à lui tout seul.

4. C’est un nostalgique des pouvoirs non-démocratiques. L’armée d’Haïti, il veut la mettre sur pied en dépit des déficits de doctrine, de ressources, de moyens, de l’opposition de la communauté internationale et d’une grande partie de la population.

5. Cette affaire de « caravane » du changement, en laquelle personne ne croit, est naïvement présentée comme une « stratégie de développement ». Il est vrai que l’Etat haïtien lui-même n’est pas fiable; cette « caravane » est donc une tentative maladroite (pas la première) de se passer de lui.

6. Jovenel a un dossier de « blanchiment » des avoirs qui lui colle à la peau en dépit de ses manœuvres. Haïti est classée deuxième dans les Caraïbes en ce qui a trait au blanchiment justement.




7. Il communique du haut de ses platitudes, ne donne pas de conférence de presse pour répondre à des questions qui pourraient être embarrassantes et croit s’adresser à des ouailles.

8. Sur le plan international ses choix obéissent parfois à une logique de pots-de-vin, en témoigne son rejet de la Chine continentale au profit de Taiwan, alors que cette Chine continentale est déjà dans nos murs avec ses énormes capitaux à prospecter le terrain…

9. La corruption bat son plein au sein du gouvernement en témoigne le scandale de surfacturation de kits scolaires mal résolue, non-résolue ; alors que la rentrée des classes reste hypothétique pour plus d’un.

10. L’augmentation des prix du carburant et la très faible augmentation du salaire minimum font rugir le secteur syndical.

11. Le traitement honteux de l’affaire de l’étudiant Gourgueder.

12. Le traitement anarchique et non-pensé du déguerpissement des marchands de rue…

13. La valse des promesses en veux-tu en voilà, dont le fameux courant « 24/24 » alors que la situation énergétique s’aggrave …




14. Son gouvernement s’en prend ouvertement à un secteur de la bourgeoisie locale, partenaire commercial de l’état haïtien, qui serait « derrière » le mouvement anti-budget. Des familles de ce secteur sont même nommément menacées d’extermination par un ex-Sénateur « tèt kale », zélé mais qui pense comme ses fesses. Alors si elles n’étaient pas encore dans l’opposition, elles sont maintenant forcément en plein dedans.

Dans une autre note, on parlera de l’opposition et de l’avenir de cette crise…

Claude Carré