21 novembre 2025
Haïti : la République exhibe ses babioles, mais garde ses hélicoptères sous scellés
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Haïti : la République exhibe ses babioles, mais garde ses hélicoptères sous scellés

L’Edito du Rezo

Port-au-Prince – Une interrogation s’impose dans les milieux politiques et médiatiques : la Police nationale d’Haïti (PNH) a reçu trois hélicoptères opérationnels, dit-on, mais aucune image officielle n’a été diffusée. Aucune cérémonie, aucun protocole, aucune archive photographique. Une absence qui contraste fortement avec les habitudes bien installées de la scène institutionnelle.

Chaque livraison étrangère, même modeste, s’accompagne d’une mise en scène méticuleuse. Ministres et cadres de l’État se photographient volontiers devant des boîtes de fournitures, des ballons de football ou des lots de masques. Les caméras ne manquent jamais lorsque des motocyclettes, des équipements médicaux ou des véhicules blindés sont remis à la PNH. La communication officielle transforme souvent de simples dons en moment solennel, soigneusement relayé par les réseaux institutionnels.

Cette fois, silence total. Les hélicoptères, pourtant bien plus significatifs que des ballons ou des boîtes de gants, n’ont pas bénéficié de la moindre visibilité publique. Aucun cliché sur le tarmac, aucun discours, aucun communiqué indiquant le pays donateur ou la date exacte de la remise.

Certains analystes avancent que cette discrétion coïncide avec une opération policière menée récemment contre un groupe lourdement armé. Plusieurs membres ont été touchés, un fusil d’assaut aurait été récupéré, mais le chef du groupe reste installé dans son bastion. Les autorités pourraient chercher à éviter que la nouvelle flotte aérienne ne devienne elle-même une cible ou un élément de tension supplémentaire.

Le nom du directeur Parison circule également dans ce débat. Il affirmait récemment que la PNH adoptait une posture offensive, mais n’a pas communiqué sur les conditions entourant la réception des appareils. Son silence rappelle d’anciens dossiers sensibles, notamment celui des armes débarquées à Saint-Marc, dont l’instruction avait été suspendue par la cour d’appel des Gonaïves. Un « provisoire » qui s’étire dans le temps, à l’image de nombreux contentieux haïtiens.

À l’approche du 7 février 2026, plusieurs affaires financières ou policières restent en sommeil, notamment celle des « trois braqueurs » de la BNC. Les responsables concernés savent que l’échéance du Conseil présidentiel de transition pourrait rouvrir certains dossiers, jusque-là protégés par la force du calendrier.

La question demeure : pourquoi aucun document visuel n’a accompagné la remise de ces hélicoptères ? Les rédactions souhaitent connaître la date de la livraison, le partenaire impliqué et les modalités d’intégration de ces appareils au dispositif national. Jusqu’ici, aucune instance officielle n’a fourni la moindre archive.

L’épisode accentue la perception d’une communication sélective où les objets les plus anodins sont exposés, tandis que les équipements stratégiques restent invisibles. Le mutisme persiste et alimente les spéculations, faute d’un mot d’explication des autorités concernées.

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