Avant leur départ le 7 février, le CPT doit s’assurer de la réouverture de l’aéroport Maïs-Gaté pour accompagner la route des Grenadiers vers 2026. C’est sur ce terrain que l’on attend une diplomatie opérationnelle, car le moment ne laisse plus de place aux déclarations sans effet.
PORT-AU-PRINCE — À moins de trois mois de son départ prévu le 7 février, le Conseil présidentiel de transition (CPT) est de nouveau interpellé sur la réouverture de l’aéroport international Toussaint-Louverture, fermé depuis plus d’un an, alors que la sélection haïtienne vient d’obtenir sa qualification pour le Mondial 2026 aux États-Unis.
La victoire des Grenadiers, première depuis 1974, ravive les attentes de la diaspora et renforce la pression sur les autorités transitoires. Les voyageurs haïtiens disposant de visas valides, tout comme les résidents établis aux États-Unis et au Canada, réclament la reprise des liaisons aériennes directes entre Port-au-Prince et les grandes plateformes nord-américaines, notamment Miami, New York et Montréal. Les itinéraires de contournement via Les Cayes ou le Cap-Haïtien, dont les tarifs atteignent 800 à 1 000 dollars pour un trajet régional, alimentent les critiques.
Le Dr Josué Renaud, directeur exécutif de NEHRO, estime que « la présence d’Haïti au Mondial impose un minimum de responsabilité étatique », rappelant que la diaspora demeure l’un des principaux leviers économiques du pays. Il demande au CPT « d’obtenir des garanties fermes sur la sécurité aéroportuaire » afin de permettre le retour des compagnies américaines.
Du côté du Canada, un leader communautaire haïtien de Montréal, dont nous nous gardons de citer le nom, appelle le CPT à « accélérer les négociations avec les autorités fédérales américaines et canadiennes pour permettre aux familles haïtiennes de voyager sans détour ni surcoût injustifié ». Selon lui, la qualification des Grenadiers « crée une opportunité diplomatique rare » qu’il serait risqué de laisser passer.
La participation d’Haïti à la Coupe du monde impose, selon plusieurs analystes, un dispositif aérien conforme aux normes de la FAA et du Department of Homeland Security. Les compagnies nord-américaines conditionnent leur retour à une stabilisation du périmètre aéroportuaire, encore affecté par la présence d’acteurs armés non étatiques.
Le CPT dispose d’une fenêtre courte pour obtenir des engagements concrets. Plusieurs secteurs estiment qu’un retour opérationnel du Toussaint-Louverture avant le 7 février, date de la fin obligatoire du mandat des 9 Tèt kale/dekale, constituerait l’un des derniers gestes significatifs de la transition – comme l’unique succès -, au moment où Haïti bénéficie d’une visibilité internationale renforcée grâce à sa sélection nationale.