Plus qu’un simple jeu de pieds et de têtes, le football – à l’instar de tout autre sport – mobilise tactiques, techniques et stratégies qui sollicitent le cœur, l’esprit et chaque fibre des athlètes qui s’y engagent. De la même manière que la victoire miraculeuse à la bataille de Vertières fut rendue possible par la synergie harmonieuse tissée par nos super héros du 18e siècle qui s’y livrèrent corps et âme, le ticket du Mondial 2026 sera décroché grâce à l’acharnement héroïque de nos Grenadiers. L’énergie positive de toute une nation combinée à celle de sa solidaire diaspora est transmise au Onze national, invité à se multiplier au centuple pour défier la rhétorique des détracteurs qui croient qu’Haïti ne nourrit aucune ambition d’envergure. Par la voie de l’autodétermination tracée par nos champions de la liberté, jurons de ne laisser notre destin entre les mains de nos voisins. À cette dernière ligne droite vers une exposition à la vitrine mondiale où Haïti pourra briller de mille couleurs, nos Grenadiers sont appelés à verser leurs dernières gouttes de sueur pour livrer une rude bataille au terrain qui consacrera une large victoire lors de ce dernier match. En ce 18 novembre 2025, puisse l’esprit de Vertières animer chaque passe, chaque set play, chaque sprint et chaque tir des Grenadiers, jusqu’à catapulter le cuir dans les filets du Nicaragua à plusieurs reprises.
Coïncidence temporelle bienheureuse, il existe des dates glorieuses dans l’existence des peuples qui ne sauraient les laisser indifférents, mais qui les inspirent au point de galvaniser toute forme d’énergie : visible, invisible, de l’espoir comme du désespoir. Nation emblématique, au parcours historique agité, Haïti compte une multitude de telles dates fétiches. Le 18 novembre, date de la Bataille de Vertières, en constitue l’une des plus symboliques.
En 1803, les troupes indigènes dirigées par les immortels Capois-La-Mort, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et consort remportèrent une victoire décisive sur l’armée française conduite par Napoléon Bonaparte. Ce triomphe de la lumière sur les ténèbres scella la fin de l’ordre colonial bestial et ouvrit la voie à l’indépendance d’Haïti et à la liberté de plusieurs nations de la région ligotées par les chaînes ardentes de l’esclavage. Vertières demeure ainsi un marqueur de souveraineté, de fierté, de liberté, de dignité et de résistance collective. Cette ultime bataille constitua le jalon majeur ayant conduit à la consécration d’Haïti en tant que première République noire du monde
Combativité
Ce18 novembre 2025, l’histoire devrait merveilleusement se répéter, avec des Grenadiers du Foot qui sont conviés à s’inspirer de l’œuvre gigantesque des héros de l’indépendance, pour marquer les esprits et les cœurs haïtiens en défendant avec rage la qualification au prochain rendez-vous du Mondial dans le sous-continent nord-américain. Par un jeu collectif combatif et productif orné de beaux dribbles, de tirs mais surtout de buts salvateurs, les stratèges du ballon rond devraient mettre un fier sourire sur le visage de ce peuple résilient.
Dans le contexte actuel d’une crise systémique, Haïti reste trop longtemps avilie, traumatisée et isolée en raison de la rancune étrangère qui s’enracine avec le support de la petitesse de ses dirigeants politiques, imposés arbitrairement. L’obtention de ce billet qualificatif à la Coupe du Monde 2026 représente une rare opportunité de faire flotter le bicolore haïtien sur la scène mondiale. Il nous faut l’arracher, du bec et des ongles.
La belle victoire des Grenadiers contre le Costa Rica, combinée à la surprenante défaite du Honduras face au Nicaragua, a annoncé un excellent présage. En référence à cette dernière performance du 13 novembre, la charnière défensive composée des infatigables soldats Adé, Arcus et Delcroix devra faire mieux en y établissant un bouclier invincible devant le dernier rempart. À travers ses impeccables réflexes déployés en multiples occasions face à une ligne d’attaque du Costa-Rica qui bombardait notre surface, Placide n’était pas humain. N’était l’âge, le gardien des Bleus et Rouges aurait pu recevoir des offres de contrat alléchantes qui émaneraient certainement des meilleurs clubs européens.
Quoiqu’il fût fameux dans ses détentes horizontales et verticales, Placide ne devra pas nous gratifier d’une performance magistrale similaire. La ligne défensive doit nous épargner ce suspens cardiaque. Sous le leadership d’Adé, la défense haïtienne doit corriger ses failles tactiques tout en réitérant l’esprit de sacrifice qui avait permis de garder nos filets vierges dans ce match flamboyant face au Costa-Rica.
Productivité
Outre l’érection d’une forteresse défensive robuste, à l’image de la Crête-à-Pierrot, qui a rendu impossible l’accès du ballon à nos filets, la ligne d’attaque doit se montrer efficace, prolifique. Dans cette partie dominée par la présence des géants Pierrot et Nazon, Sebastien Migné devra sortir ses meilleures cartes pour garantir une prestation mémorable tout en marquant beaucoup de buts dans le cas nicaraguayen.
À l’image des poumons et du cœur pour le corps humain, les milieux de terrain détiennent la tâche ardue d’assurer la circulation et une respiration fluide entre tous les compartiments, de la base jusqu’à la finition du jeu. Ce poste stratégique géré avec fougue et intelligence par de vaillants guerriers comme Jean-Jacques, Casimir, Pierre, Providence et Bellegarde devra garantir un meilleur métabolisme en prenant les initiatives de distribuer et de garder le ballon selon le tempo indiqué.
La récupération du ballon et toute la gestion du jeu doivent se faire avec élégance, mais surtout dans une logique pragmatique de mettre constamment les attaquants en orbite. Peu importe le résultat entre Costa-Rica et Honduras, Haïti doit aborder le sujet avec un mindset de conquérant, pour ainsi défendre la première place du groupe par sa propre capacité. L’atteinte de cet objectif requiert pour Haïti de combler le gap de la différence de buts par rapport au Honduras. Il faudrait ainsi un déploiement agressif dans un arsenal d’attaques concluantes à travers une transformation de tous les Grenadiers en de véritables bombardiers.
Pourquoi pas cette apothéose de savourer un Casimir et un Bellegarde dans un renfort offensif supplémentaire pour achever leur merveilleuse aventure avec la sélection par des buts triomphateurs. Par son tir bien enroulé et à vitesse de fusée qui filait à proximité de la lucarne, Jean-Ricner y était très près de s’offrir ce satisfecit. En effet, l’histoire devrait retenir que Bellegarde avait marqué lors de cette fameuse rencontre ; toutefois, par une détente magique, Keylor Navas avait effacé son but.
Face au Nicaragua, il suffit d’un coup-franc ou d’un tir spontané cadré de la même façon, et Bellegarde pourra inscrire son nom au cahier des buteurs. Car nous voulons croire que des coups de génie comme celui produit par Keylor Navas pour détourner le ballon de sa destination à l’angle droit ne sont savourés qu’une fois sur mille.
Le 18 novembre est haïtien ; cette date nous appartient. Les forces divines du football marcheront avec nous. Le Nicaragua ne pourra donc pas sortir un grand jeu ; de toutes les couleurs, il verra Bleu et Rouge. Grenadiers, à l’assaut ! Ensemble vers la victoire pour le Mondial 2026.
Carly Dollin

