18 octobre 2025
Haïti se réveille : le commencement des cent prochaines années
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Haïti se réveille : le commencement des cent prochaines années

Par Ralf Dieudonné JN MARY

Il fut un temps où le monde entier tremblait devant la force morale et la détermination d’un petit peuple qui, sans canons d’acier ni flottes immenses, renversa l’ordre du monde d’alors.
Ce peuple, c’était nous, la République d’Haïti d’aujourd’hui.

Nos ancêtres ont vaincu des empires sans avions de guerre, sans chars blindés, sans armes nucléaires.
Ils ont bâti un idéal de liberté universelle là où tout semblait impossible.
Cette mémoire n’est pas un simple souvenir, c’est une flamme.
Et cette flamme, aujourd’hui, doit rallumer notre foi dans la grandeur à venir.

Mais croire ne suffit plus

Il ne suffit plus de croire.
Il nous faut apprendre à transformer cette foi en projet, cette espérance en plan, cette émotion en vision durable.
Ce que chaque Haïtien doit désormais comprendre, c’est que l’avenir s’écrit avec le temps long : cent ans, deux cents ans, trois cents ans.
Nous devons avoir désormais la culture de faire des projets sur cent, deux cents et trois cents ans.
C’est la seule façon de bâtir une civilisation durable et respectée.

Nous devons bâtir des richesses qui ne meurent pas avec une génération, mais qui s’accumulent comme des fondations solides pour nos enfants et leurs descendants.
Les grandes puissances d’aujourd’hui ne se sont pas construites en dix ans, elles ont cultivé la patience, la vision et la discipline du long terme.
Nous devons réapprendre à travailler avec le temps, et non contre lui.

La vision au-delà des frontières

Beaucoup se moquent de la République d’Haïti parce qu’elle n’a pas un grand territoire.
Ils disent qu’une petite République ne peut devenir une puissance mondiale.
Mais ils se trompent. 

Ce qui fait la puissance d’une nation, ce n’est pas l’étendue de son territoire ni la grandeur de son armée, mais la portée de sa vision. Croire le contraire, c’est adhérer à la conception occidentale de la puissance mondiale.
Nous devons apprendre à voir plus loin que nos côtes.
Les mers qui nous entourent sont aussi des territoires, des espaces d’avenir et de puissance.

Dans les cent prochaines années, si nous faisons du long terme une culture nationale, nous pourrons comprendre, explorer et maîtriser ces mers.
Nous pourrons former des scientifiques capables de développer des technologies marines, des systèmes sous-marins, des innovations qui feront de la République d’Haïti une référence mondiale.

Et tandis que certains rêvent d’aller sur Mars sans même réellement maîtriser ce qui se passe dans le triangle des Bermudes, nous, Haïtiens, irons là où d’autres n’osent pas aller.
Notre plus grande base scientifique et militaire du futur se trouvera dans le triangle des Bermudes même, non pas comme un lieu de mystère, mais comme un symbole de maîtrise et de connaissance. On dira alors que nous sommes une puissance mondiale, non pas à cause de la taille de notre territoire ou de la force de notre armée, mais parce que  nous avons toujours possédé le savoir nécessaire pour pénétrer le mystère du Triangle des Bermudes. 

Le rêve des profondeurs

Car oui, dans les cent prochaines années, nous ouvrirons une voie que d’autres n’imaginent pas.
Pendant que certains rêvent de conquérir Mars, nous irons chercher des territoires sous l’eau.


Dans les cent prochaines années, le monde entier pensera des haitiens qu’ils respirent par la peau. L’océan deviendra un espace tellement habitable et sûr pour nos chercheurs et nos travailleurs que l’on dira de nous que nous avons inventé une technologie qui permet à notre peau de jouer le rôle des poumons pour l’apport en oxygène nécessaire à la vie.
Ainsi, dans les profondeurs des mers, nous pourrons évoluer librement, maîtres des océans comme de la terre.

Ce rêve, certains le jugeront fou.
Mais c’est par des rêves de cette taille que les civilisations renaissent.
Nous ne serons plus limités à la terre ferme, nous serons sur les mers et sous les océans.
Et lorsque cela arrivera, plus personne n’osera dire qu’Haïti est petite, car nous aurons repoussé les frontières du possible.

Le génie haïtien

Nous avons les meilleurs esprits du monde, des scientifiques capables de faire des merveilles sans laboratoires.
En vérité, si nous manquons d’équipements, c’est parce que nous sommes nous-mêmes le laboratoire du monde.
Nous avons appris à inventer sans outils, à réparer sans pièces, à créer sans moyens.
Cette capacité à transformer le manque en force est notre plus grande richesse.

Dans les siècles à venir, le monde apprendra à nous respecter non pas pour nos plaintes, mais pour nos inventions, nos recherches et notre science.
Et viendra un jour où les peuples du monde voudront être Haïtiens, non par origine, mais par admiration et par envie d’appartenir à cette nation de bâtisseurs.

L’appel aux bâtisseurs du savoir

Je lance un appel solennel aux grandes facultés de sciences de notre République, en particulier à la Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti, là où j’ai moi-même été formé.
C’est dans ces temples du savoir que doit s’allumer la première étincelle du réveil.

Aux professeurs, chercheurs, étudiants, ingénieurs, prenez conscience de votre rôle historique.
C’est à vous qu’il revient d’ouvrir les voies nouvelles, de concevoir des programmes de recherche, de bâtir les laboratoires qui rendront la République d’Haïti incontournable dans les sciences du futur.
Vous êtes les gardiens du feu du savoir haïtien.

La diaspora : présence et mission

Aux Haïtiens qui vivent ailleurs, je veux dire ceci :
Le fait de vous être déplacés ne fait pas de vous des traîtres.
On peut voyager, étudier, travailler à l’étranger sans fuir son pays.
Le vrai exil, ce n’est pas celui du corps, c’est celui de l’âme.

Tant que vous gardez vivante l’âme haïtienne, cette volonté de bâtir, d’innover, de servir, vous appartenez toujours à cette terre.
Vous pouvez travailler pour Haïti depuis n’importe où, contribuer sans renoncer à votre identité.
Nous ne voulons pas d’une diaspora d’absents, mais d’une diaspora de bâtisseurs.

L’île d’Haïti : héritage et vérité

Et à ceux qui, de l’autre côté de l’île, osent rêver de faire de toute l’île un seul pays, qu’ils sachent ceci :
S’il doit un jour y avoir un seul pays sur cette île, ce pays s’appellera Haïti.

Car c’est Haïti qui a donné au monde un sens universel à la liberté.
C’est Haïti qui a fait reculer l’esclavage, qui a inspiré les peuples à se lever contre les injustices.

La République Dominicaine peut se vanter de ses plages ou de ses hôtels, mais dans aucun manuel d’histoire dominicain on ne peut lire que les Dominicains ont combattu pour libérer la partie Est de l’île.
Leur gloire est récente, leur racine fragile.
Ils se vantent parce qu’ils sont vulnérables, parce qu’ils savent qu’ils occupent un espace qui, historiquement, ne leur appartient pas.

Le nom même de cette terre le rappelle : l’île d’Haïti, la terre des montagnes, la terre des libres.
Et c’est nos ancêtres qui, par leur courage, ont récupéré la partie Est de l’île avant d’en permettre l’indépendance, non par naïveté, mais par humanité.

Les Américains disent : « L’Amérique aux Américains. »
Nous, Haïtiens, disons : « L’île d’Haïti aux Haïtiens. »
Car pour nous, il y a l’Amérique, et il y a l’île d’Haïti, deux réalités différentes.
La doctrine de Monroe ne s’applique pas à nous, car nous sommes une civilisation libre, indépendante et souveraine depuis plus de deux siècles.

Les manigances et l’éveil

Le plan de faire disparaître Haïti doit échouer.
Le plan d’effacer les Haïtiens de la mémoire du monde doit échouer.

On nous a mis dos à dos, on nous a poussés à nous entre-tuer pour que nous ne voyions pas le projet de nous effacer.
Pace que ceux qui veulent nous faire disparaître ne peuvent pas venir nous éliminer directement, parce que  les yeux du monde sont rivés sur la terre de la liberté, alors ils nous font faire le sale boulot, nous détruire nous-mêmes.

Mais nous avons compris le jeu.
Et parce que nous comprenons, nous nous réveillons. Nous nous levons, car nous, Haïtiens, sommes un peuple qui aime Dieu, protège sa famille et défend sa patrie avec fierté. Chaque frère, chaque sœur de cette nation est sacré.
Je dois le protéger, le défendre. Être Haïtien est sacré.

La révolution tranquille

Nous agirons sans violence, par la force tranquille du savoir, de l’organisation et de la persévérance.

Notre mission n’est pas de provoquer ni d’humilier. Notre mission est de montrer l’exemple, de prouver par le travail, la science et la discipline que la grandeur d’Haïti ne se mesure pas en slogans, mais en réalisations.

Nous allons créer des institutions qui vivront au-delà de nos vies : des Académies de sciences marines et de technologie durable, des fonds générationnels transparents, des projets de cent ans, des infrastructures éducatives, des réseaux énergétiques, des recherches sous-marines, des innovations biotechnologiques.
Chaque commune deviendra un centre d’expérimentation et d’espoir.

La renaissance haïtienne

Notre véritable révolution sera intellectuelle, scientifique et civique.
Sans violence, sans haine.
Elle se fera par le savoir, la persévérance et l’unité.

Quand le monde entendra de nouveau le nom d’Haïti, il devra l’associer à la rigueur, à la recherche, à la créativité.
Alors nos ennemis trembleront, non parce que nous crions plus fort, mais parce que nous bâtissons mieux.

Debout, Haïti

La République d’Haïti n’est pas condamnée à la petitesse.
Elle est appelée à une renaissance lente, exigeante et magnifique.
Une renaissance où chaque Haïtien, sur la terre ou ailleurs, portera la même mission : rebâtir, transmettre, construire pour cent ans.

Debout, Haïti.
C’est aujourd’hui que commence notre siècle de lumière.

Apprenons à bâtir pour des générations.
Apprenons à rêver comme des bâtisseurs d’éternité.
Et que le monde se souvienne qu’ici, sur cette terre nommée Haïti, commence la prochaine grande histoire de l’humanité.

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