Chronique – “Les hommes en blanc” – Ah… Dessalines doit bien rire, ou grincer des dents, là-haut.
Trois hommes en blanc…
Un pupitre, un buste de Dessalines derrière eux, et un micro qui pèse plus lourd que les mots qu’ils y déposent.
Celui qui parle…
— il invoque la mémoire de l’Empereur, la souveraineté, l’unité, la patrie.
Mais à l’écho de ses phrases, on entend encore sa voix du 25 septembre, là-bas, à New York, demandant une “force robuste” pour sauver Haïti.
Sauver Haïti… de qui, déjà ?
Et voilà qu’aujourd’hui, le même homme cite Dessalines, celui qui a juré qu’aucune botte étrangère ne foulerait la terre d’Haïti.
Le contraste pique les oreilles — comme si on récitait un serment en latin tout en signant un contrat en dollars.
À sa droite, deux autres hommes. Blanchis, non pas par la vertu, mais par le lin de leurs costumes.
Eux écoutent, sérieux, l’air de dire : “Pourvu qu’il y ait passation, pourvu qu’on reste tranquilles après février.”
Dans ce pays où la mémoire sert souvent de décor, le patriotisme est devenu un costume de cérémonie.
Et la morale ? Une pièce qu’on replie soigneusement avant de reprendre le micro.
Ah… Dessalines doit bien rire, ou grincer des dents, là-haut.
