17 octobre 2025
23 juin 1803 – Lettre de Dessalines au président américain Thomas Jefferson : “Nous avons juré d’expulser nos bourreaux”
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23 juin 1803 – Lettre de Dessalines au président américain Thomas Jefferson : “Nous avons juré d’expulser nos bourreaux”

Plaine du Cul-de-Sac, 1803 — Dessalines annonce la rupture avec la France

Headquarters, Frère plantation,
Cul-de-Sac plain
23 June 1803

MISTER PRESIDENT,

The American schooner The Federal, under Captain Nehemiah Barr, forced by our patrol boats to enter the port of Petit-Goâve, provides me the honor of informing you of the events that have occurred on our unfortunate island since the arrival of the French and the revolution caused in France by the tyranny of their oppressive government.

The people of Saint-Domingue, tired of paying with our blood the price of our blind allegiance to a mother country that cuts her children’s throats, and following the example of the wisest nations, have thrown off the yoke of tyranny and sworn to expel the torturers.

Our countryside is already purged of their sight. A few cities are still under their domination but have nothing further to offer their avid rapacity.

Commerce with the United States, Mister President, offers a market for the huge harvests we have in storage and the even more abundant ones that are now growing. Your country’s shippers are calling for it. Your nation’s long-standing relations with Saint-Domingue are evidence of the loyalty and good faith that await your ships in our ports.

The return of the schooner The Federal will prove to your country our current disposition.

Please be sure, Mister President, of the eagerness with which I will exert all my authority for the safety of the United States’ ships and the benefits they will reap from trading with us.

Accept, Mister President, the expression of my highest consideration.

DESSALINES

Voici la traduction française complète et fluide de cette lettre du 23 juin 1803, rédigée par Jean-Jacques Dessalines depuis le quartier général de l’habitation Frère :

Traduction française

Quartier général, habitation Frère,
Plaine du Cul-de-Sac, 23 juin 1803

Monsieur le Président,

La goélette américaine The Federal, commandée par le capitaine Nehemiah Barr, ayant été contrainte par nos embarcations de patrouille d’entrer dans le port de Petit-Goâve, m’offre l’occasion de vous informer des événements survenus dans notre malheureuse île depuis le retour des Français et la révolution provoquée en France par la tyrannie de leur gouvernement oppresseur.

Le peuple de Saint-Domingue, las de payer de son sang le prix de sa cécité et de son aveugle fidélité envers une mère-patrie qui égorge ses enfants, a, suivant l’exemple des nations les plus sages, rejeté le joug de la tyrannie et juré d’expulser ses bourreaux.

Nos campagnes sont déjà purgées de leur présence ; quelques villes demeurent encore sous leur domination, mais elles n’ont plus rien à offrir à leur avide rapacité.

Le commerce avec les États-Unis, Monsieur le Président, ouvrirait un débouché pour les immenses récoltes que nous avons en réserve et pour celles, plus abondantes encore, qui croissent actuellement. Les armateurs de votre pays en réclament l’ouverture ; les relations anciennes qui unissent votre nation à Saint-Domingue témoignent de la loyauté et de la bonne foi avec lesquelles vos navires seront accueillis dans nos ports.

Le retour de la goélette The Federal attestera à votre pays de nos dispositions actuelles.

Soyez assuré, Monsieur le Président, du zèle avec lequel je mettrai toute mon autorité au service de la sécurité des bâtiments américains et des avantages qu’ils tireront de leurs échanges avec nous.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Dessalines

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