7 décembre 2025
De la Renaissance d’Haïti au XXIᵉ siècle 
Actualités Opinions Orientation Politique

De la Renaissance d’Haïti au XXIᵉ siècle 

17 octobre 2025, An 219e de l’assassinat de l’Empereur Jacques 1er 

Article introductif de la série “Polarticle*” Par Alexandre Telfort Fils 

*Polarticle: Mot valise (politique+article) pour décrire mes courts articles diffusés sur des  media en ligne et les média sociaux hebdomadairement autour de la Renaissance d’Haïti au 21e  siècle 

______________________________________________________________________________ Mesdames, Messieurs, 

Au commencement de ce siècle, nous nous adressons à la mémoire et à l’avenir. Nous  parlons sous le regard de 1804, accomplissement fondateur, et sous le devoir d’une vision  nouvelle : faire vraiment de l’État stable l’objet de notre plus vive sollicitude. Depuis la  fondation de la première République noire, fondation aussi du nouveau monde; toutes les  générations se sont naviguées entre luttes intestines pour ‘propriétariser’ le pays et la poursuite  d’un redressement, d’une réparation comme s’il voulait empêcher la mort d’une Haïti, morte  malheureusement le 17 octobre 1806. Et si l’on fait le constat, nous sommes rentrés dans un  cycle de malédiction où tous les débuts de siècle se ressemblent et plantent le décor pour la  déchéance séculaire. Aucune génération n’y a échappé, y compris la nôtre:  

• 1804–1825 : l’assassinat du Père de la Patrie, la scission du pays, la dette de  l’indépendance, l’instabilité politique 

• 1904–1925 : l’assassinat du Président Vilbrun Guillaume Sam, l’instabilité politique,  l’occupation étrangère, la pauvreté. 

• 2004–2025 : l’assassinat du Président Jovenel Moïse, l’instabilité politique, la faillite de  l’État.

Ces faits ne sont pas des fatalités métaphysiques ; ils sont les conséquences prévisibles de  systèmes mal réglés. C’est pourquoi nous parlons, aujourd’hui, de Renaissance : parce que nous  acceptons la mort d’une Haïti — celle de l’instabilité, de l’impunité, de l’irresponsabilité, de  l’insécurité, des injustices sociales, des assassinats, du kidnapping, de la haine sociale entretenue.  Cette Haïti-là, nous devons la laisser partir sans mélancolie. Elle n’est pas notre avenir. Elle  n’est qu’un sombre périple, condamné par la lumière des œuvres à venir; le feu de la dignité doit  consumer pour que la légende renaisse, l’Haïti éternelle.  

Chaque génération fait face à de nouveaux défis et à l’héritage des problèmes des générations  précédentes. Nous sommes la génération la moins fortunée de la République et c’est à nous que  revient la patate chaude. Avec une relative éducation, sans outils de gouvernance, sans État, sans  sécurité, sans travail, sans richesse, malades, exilés et sous les tentes, nous sommes obligés de  comprendre notre propre vocation. Et c’est dans cette opacité non relative que nous crions  ‘Renaissance’.  

On ne la décrète pas ; on la prépare. Nous, tenants de la Renaissance, n’avons pas l’intention  de donner notre sang à une mort qui court derrière son fantôme. Nous choisissons la  résurrection: fonder un pays nouveau au XXIsiècle. À l’entrée de son troisième siècle, Haïti  doit devenir une République prévisible, juste et féconde, un regain de dignité pour tous les  noirs du monde, première puissance culturelle de la Caraïbe, et référence démocratique  tropicale — un lieu où l’on tient l’heure, la parole et la promesse. Car c’est à cette condition que  toutes les générations pourront poursuivre l’œuvre de la renaissance — non comme un deuil  prolongé, mais comme une fidélité active à la dignité humaine et à l’autodétermination. 

I. La vision d’un pays à la hauteur du XXIsiècle 

Un État stable qui tient parole, c’est d’abord ça l’essence de la Renaissance. La crédibilité  publique se mesure à l’heure tenue et à la règle appliquée à tous. Les décisions sont motivées,  les budgets lisibles, les délais publiés, les fautes sanctionnées sans délai. 

Une société de dignité et de fraternité. L’école enseigne à faire autant qu’à savoir ; la santé  devient droit proche ; la justice est lisible ; la sécurité, une routine

Une économie de preuves. La souveraineté ne se clame pas, elle se produit : agro transformation, industrie du quotidien, services créatifs, numérique frugal, exportations  traçables ; l’État paie en quinze jours, l’entrepreneur livre à date

Une République des territoires. Décentralisation responsable, communes outillées, indicateurs  communaux publics ; diaspora co-propriétaire des livrables ; culture vivante qui unit. 

Un pays régénéré. Des mornes reboisés, des bassins vivriers irrigués, des mangroves gardiennes  ; une économie circulaire pragmatique ; une transition énergétique progressive et tenable.

II. Les paradigmes que nous quittons — et ceux que nous  adoptons 

Ce que nous quittons c’est le petionnisme (Leadership pourianiste), c’est la corruption,  c’est le boyerisme (vendeur de pays), c’est le duvalierisme (Dictateur); c’est l’aristidisme  (Leadership messianique et populiste) mais aussi et surtout: 

• Le personnalisme qui remplace les institutions. 

• L’improvisation qui dévore les résultats. 

• Le clientélisme qui dévore la confiance. 

• La rumeur et la violence qui dévorent le bien commun. 

• Les promesses sans indicateurs, les calendriers sans sanctions. 

Ce que nous adoptons c’est la responsabilité totale; c’est un leadership décomplexé; c’est  de la dignité et de la fraternité; c’est du néoprogressisme; l’humilité citoyenne mais  surtout:  

• La continuité de l’Etat pour tous et pour toutes : Des programmes protégés au-delà des  alternances. 

• La preuve publique : « Preuves, pas promesses » 

La transparence: Les ressources de la République pour la République 

• La coalition d’intérêts explicite : qui gagne quoi, quand, comment — et pourquoi c’est  juste

• La décentralisation responsable : moyens contre résultats, bonus/malus. • Le service civique : 120 h/an pour apprendre la République par l’action. • La parité de considération : la règle égale pour tous, du puissant au modeste. 

III. Le contrat de 25 ans (2025–2050) 

C’est Frantz Fanon qui disait « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa  mission, la remplir ou la trahir ». Nous avons rendez-vous avec l’histoire et notre contrat avec les  prochaines générations, nous connaissons le prix et la durée : 25 ans. C’est notre serment de  continuité; c’est:  

1. 25 ans de stabilité institutionnelle

2. 25 ans de gouvernance transparente 

3. 25 ans d’investissement dans l’éducation nationale 

4. 25 ans de production agro-industrielle 

5. 25 ans de régénérescence environnementale 

6. 25 ans de diplomatie populaire 

7. 25 ans de participation constante de la diaspora 

8. 25 ans de justice lisible & sécurité de routine 

9. 25 ans de souveraineté numérique 

10. 25 ans de culture vivante 

11. 25 ans de solidarité et de dignité  

12. 25 ans de sacrifices 

IV. Contre le pronostic noir : notre libre décision 

On nous dit que l’histoire se répète, et que 2104–2125 pourrait ressembler à 1804–1825 ou  2004–2025. Nous entendons ce pronostic ; nous le déjouons. Non par incantation, mais par  méthode

C’est une course à la montre, oui ; mais c’est d’abord un acte de dignité. C’est presque un  miracle que nous espérons ; mais la liberté coule encore dans nos veines. Qu’on l’appelle rêve  — « un rêve que je vends à bon marché », disent mes amis — qu’on l’appelle fraternité, qu’on  l’appelle amour de l’autre : nous avançons sans trembler. Nous ne regardons pas seulement la  route derrière nous ; nous contemplons, avec courage, le merveilleux tendu devant nous

V. La transmission de 2054 

Nous prenons la responsabilité de bâtir pendant vingt-cinq ans. Et, le 1ᵉʳ janvier 2054, nous  passerons aux prochaines générations un nouveau pays, première puissance culturelle de la  Caraïbe, un pays où l’on vient apprendre comment la règle, la preuve et la poésie peuvent  cohabiter.

Jusque-là, chaque semaine, ces Polarticles vous exposeront une idée, une preuve, une action.  Nous croyons que les idées mènent le monde ; par la pensée partagée, nous vous invitons à  vivre déjà la Renaissance que nous bâtissons. Bienvenue dans l’Haïti renaissante du XXIsiècle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.