15 octobre 2025
Fils-Aimé exige un calendrier électoral sur mesure malgré 800 000 identités en double
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Fils-Aimé exige un calendrier électoral sur mesure malgré 800 000 identités en double

La démocratie dupliquer, falsifier, livrer avant le 7 février

Alix Didier Fils-Aimé a trouvé la formule magique : organiser des élections sans électeurs fiables, sans sécurité et sans honte. Son gouvernement de transition, plus préoccupé par les apparences diplomatiques que par la survie de la République, continue de jouer sa partition dans un théâtre où la Constitution sert de rideau de fond — froissée, déchirée, mais toujours utile pour la mise en scène.

Le Premier ministre de facto, après avoir échoué dans son projet de référendum fantôme, s’accroche désormais à une autre illusion : celle d’un scrutin « inclusif » sous le feu des armes. Pendant que Port-au-Prince s’enferme dans ses barricades, que les écoles ferment et que les convois humanitaires disparaissent sur la route de l’Artibonite, le chef du gouvernement réclame au président du CEP, Jacques Desrosiers, un calendrier électoral dans les meilleurs délais. L’urgence n’est pas de sauver le pays, mais de sauver la façade.

Desrosiers, fraîchement intronisé dans ce Conseil électoral provisoire qui n’a de provisoire que le nom, devra donc produire en quelques semaines ce que toutes les administrations précédentes ont échoué à faire en vingt ans : des élections crédibles, sûres, et surtout… rentables politiquement. C’est l’illusion démocratique à la sauce Fils-Aimé : une date d’élection brandie comme un talisman contre le chaos.

Mais la réalité, elle, ne se laisse pas hypnotiser. L’ingénieur Alex Saint-Gardien a révélé que plus de 800 000 doublons peuplent la base de données électorales. Huit cent mille identités fictives, multipliées, fantomatiques — un corps électoral de spectres administratifs. Et pourtant, la Primature parle de transparence. Le ridicule, ici, a pris des airs de doctrine d’État.

Le journal a tenté, sans succès, de joindre la firme Satori, censée auditer ce registre d’ombres et de doublons. Silence complet. Pas de rapport, pas de méthode, pas de trace comptable. L’audit, comme le processus lui-même, semble appartenir à la catégorie des fictions financées. Et l’on continue de discourir sur la « crédibilité des scrutins » avec la même solennité qu’un prêtre célébrant une messe sans fidèles.

Dans ce décor d’ironie amère, le parti Konvansyon Inite Demokratik (KID) d’Evans Paul conserve encore la pudeur d’appeler à la raison : pas d’élections sans sécurité, pas de gouvernance sans autorité. Mais la voix de la lucidité résonne faiblement dans un pays où l’ambition politique rime désormais avec amnésie morale.

Comment oser demander à un peuple blessé d’aller voter dans trois, quatre ou six mois, quand aucun véritable leader n’a encore émergé du lot des détracteurs de la République ? Comment parler de souveraineté quand ceux qui gouvernent la vident de son sens ? Il ne reste qu’un vœu : voir Alix Didier Fils-Aimé plier ses valises à l’hôtel de la Primature, effacer les notes de frais, et regagner la Floride d’où il était venu. Qu’il emporte avec lui cette étrange passion haïtienne pour le cynisme en costume officiel — cette capacité, rare et repoussante, de transformer la faillite morale en projet politique.

cba

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