« Nous avons assez de héros morts. Il nous faut des héros vivants » – Cary Elwes
Depuis les vives controverses autour de la Feuille de route de l’OEA, légions sont ceux qui se demandent qui est cette femme formidable, cette Fanm Vanyan qui défraie la chronique et suscite tant d’admiration en raison de son courage, son patriotisme et son intégrité ? La position ferme et lucide de l’ambassadrice face à la Feuille de route, rédigée unilatéralement par le Secrétaire général de l’OEA, a constitué l’acte déclencheur qui a permis à de nombreux compatriotes de découvrir dans cette sphère diplomatique plutôt moribonde un esprit libre, anticonformiste, refusant toute forme d’ingérence internationale. Cependant, cela fait quelques années que Myrtha Désulmé s’est taillé une place de choix dans le cercle restreint de l’élite probe et éclairée. Elle y incarne une voix indignée des conditions délétères de cette République emblématique meurtrie par les trahisons et la corruption.
Figure de proue de la plaidoirie pour une nouvelle dynamique politique et sociale en Haïti, cela fait belle lurette que Myrtha Désulmé participe activement aux initiatives politiques et ateliers de réflexions tant au niveau local qu’international qui visent à peindre un nouveau tableau en Haïti. Cette fougue patriotique, héritée de chromosomes paternels illustres, s’est particulièrement intensifiée au cours des cinq dernières années où Myrtha éclaire les hémicycles politiques dans une voix ferme et sincère.
Dans les médias et sur les plateformes de discussions, Myrtha Désulmé tirait constamment la sonnette d’alarme pour éviter que se réédite en Haïti un triste génocide analogue à celui du Rwanda de 1994. Elle martelait qu’il fallait absolument développer des stratégies efficaces pour renforcer les contrôles douaniers et surtout pour bloquer à la source la distribution des armes illégales et des munitions. Plusieurs rapports techniques provenant de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime et du Departement of Homeland Security (ministère de la sécurité intérieure des États-Unis) parmi d’autres, ont largement établi que celles-ci proviennent majoritairement des États-Unis et de la République dominicaine. À travers cette inondation d’armes, le génocide qu’elle craignait s’est pratiquement abattu sur le peuple Haïtien. Chaque jour, des dizaines, voire des centaines d’habitants inoffensifs, succombent à la violence meurtrière des gangs qui ravagent le pays.
L’arme de la dialectique
Au niveau de la région et sur les tribunes internationales, en tant que Présidente de la Société Haïti-Jamaïque, Myrtha défendait avec véhémence la cause des plus vulnérables. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Haïti, sa voix s’élevait pour revendiquer les droits humains, civiques et juridiques tant de la population locale que des réfugiés et des migrants. Pièce maîtresse du Forum Haïtien pour la Paix et le Développement Durable (FOHPDD), elle s’engageait dans plusieurs projets rassembleurs en vue de recoudre le tissu social déchiré.
Animée par la volonté de mieux servir Haïti, Myrtha avait intégré le mouvement de Montana, lequel prônait une transition de rupture en vue de renouveler les dirigeants de l’Exécutif et du Législatif. Sa désignation comme représentante de la diaspora au Bureau de Suivi de l’Accord Montana (BSA) s’imposait presque naturellement. Dans cette fonction, elle évoluait aux côtés de figures intellectuelles influentes et ne perdait jamais l’occasion de faire valoir son patriotisme inébranlable, soutenu par des arguments solides.
Les sacrifices entraînés par la vertu politique de Madame Désulmé ont forcé l’admiration du faible reste de l’élite qualitative à la recherche d’une nouvelle Haïti devant être gouvernée par la compétence et la droiture. À la Jamaïque, en Haïti, aux États-Unis, en ligne comme en présentiel, Myrtha se multipliait en quatre pour vulgariser le message de l’importance cruciale de la bonne gouvernance pour garantir la stabilité et le développement du pays.
Par son sens de l’engagement, les figures influentes de la société civile et politique comme celles de la diaspora ont reconnu en elle une personnalité digne, profondément attachée aux principes éthiques. Myrtha Désulmé fait sans relâche la promotion d’une gouvernance éclairée, porteuse des fruits d’un développement inclusif, telle que prônée par Jean Price-Mars dans sa vision du rôle de l’élite, et plus proche encore par son propre père, l’industriel et homme d’État Thomas Désulmé.
L’ambassadrice incarne un leadership moderne, fondé sur la compétence et les valeurs intrinsèques que toute nation aspire à placer au cœur de ses axes stratégiques. Son attitude inspire le respect de ses interlocuteurs ; plusieurs y voient une compétence précieuse, et nombreux sont ceux qui souhaitent la voir mettre ses talents au service de la nation au plus haut niveau, ce qui a conduit à sa désignation comme ambassadrice auprès de l’OEA. Haïti a vu à l’œuvre une ambassadrice compétente et aux colonnes vertébrales idoines, capable de mettre la communauté internationale à sa place. Un effet multiplicateur d’une telle posture, si elle gagnait les sphères politique et diplomatique, ferait le plus grand bien à un pays aujourd’hui privé de véritables dirigeants capables d’assurer son gouvernail.
Une adhésion controversée à l’OEA
L’éviction soudaine d’Ariel Henry du fauteuil de la Primature avait provoqué un vide politique abyssal, sinon un immense cafouillage, qui avait contraint un mariage forcé entre de véreux politiciens et des esprits intègres. Dans ce climat de fragilité, où la continuité du service public demeurait urgente, les opportunistes y voyaient un moment à saisir, tandis que plusieurs citoyens honnêtes plongeaient dans l’hésitation séculaire de s’écarter de la sphère politique. N’est-ce pas que les dernières décennies ont prouvé que nous payons tous au prix fort le sophisme de laisser le terrain politique libre à des voyous ? Myrtha Désulmé, admirée par tous ceux qui rêvent d’une Haïti meilleure, appartient à cette catégorie consciencieuse qui se rend à l’évidence que les réflexions pour une gouvernance avisée doivent émaner de ceux et celles qui font de l’éthique leur boussole. Ainsi, en raison de sa détermination et de son sérieux pour défendre la cause d’Haïti, elle a été pressentie à plusieurs postes d’influence, notamment au sein de la chancellerie haïtienne.
Pendant que s’animaient les hostilités politiques pour assurer l’alternance à la Villa d’Accueil, Myrtha ne lâchait pas dans sa lutte en faveur d’Haïti. En tant que membre du Bureau de Suivi de l’Accord Montana, elle échangeait régulièrement avec les protagonistes locaux et internationaux sur la meilleure façon d’assurer la relève politique pour éviter un chaos irréversible. Les intenses débats ont amené à la conception du CPT, issu d’un large consensus à la Jamaïque. Ce collège présidentiel multicolore fut installé sur fond de crises. Pire, ce clan de neuf allait violer très tôt les articles transcrits dans l’agenda conçu par l’Accord du 3 avril qui exigeait entre autres la conception d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale.
Une kyrielle de conflits et de délits ont éclaboussé cette structure, laissant présager une gouvernance marquée par l’opacité et la gabegie. Au fil du temps, plusieurs conseillers, dont Fritz Jean, n’étaient plus en odeur de sainteté avec les principaux signataires de l’Accord Montana. C’est dans ce contexte de polémiques et de querelles de chapelle que Myrtha a été nommée pour représenter Haïti à l’OEA. Certains camarades de lutte craignaient un piège potentiel, redoutant que sa nomination ne ternisse sa réputation. Les esprits soulevés contre le CPT exprimaient ainsi certaines frictions quand Myrtha devait accepter le poste de Représentante d’Haïti auprès de l’OEA.
Myrtha ne pouvait pas accepter le poste tête baissée, sans peser avec lucidité les risques, les défis et les responsabilités qu’il impliquait. Toutefois, consciente des difficultés politiques de l’heure, elle était convaincue qu’il n’existait jamais de moment idéal pour servir Haïti au plus haut niveau. L’essentiel, pensait-elle, était de rester fidèle à ses valeurs, quel que soit la fonction ou le lieu de travail. Elle croyait fermement pouvoir faire la différence, même dans cette situation de tâtonnements qui avait également favorisé l’ascension de personnalités douteuses au sommet de l’État.
Entre protection personnelle et amour de la patrie
Le jour avant la présentation de sa lettre de créance, Myrtha fit une chute grave dans un escalier, et dût annuler cette cérémonie solennelle. Son médecin lui recommanda six semaines de repos et de travail à domicile. Mais toujours consciente de l’urgence que confronte la population haïtienne, au risque même d’entraver sa guérison, l’ambassadrice passa outre des consignes médicales et refusa de s’absenter de son poste. L’urgence du rétablissement de la sécurité et de l’autorité de l’État la tenait prisonnière. C’est donc sous le signe de l’émotion que la Représentante permanente présenta ses lettres de créances en février 2025 au Secrétaire Général de l’OEA, monsieur Luis Almagro. Larmes aux yeux, elle invoqua la gravité de la crise de son pays qui l’avait forcée à désobéir les conseils du médecin, pour prendre au plus vite ses fonctions.
Contrairement aux plénipotentiaires déloyaux, entêtés à s’enrichir, à s’aligner aveuglément, voire à pactiser avec le diable, Myrtha est restée accrochée à ses valeurs intrinsèques. Elle n’a pas hypothéqué son prestige en contrepartie de privilèges périssables et d’avantages mesquins. Elle a mis le rétablissement de la sécurité et la restauration de l’autorité de l’État haïtien au centre de sa plaidoirie au sein de l’Organisation hémisphérique.
D’après l’ambassadrice, Haïti occupe une place singulière dans l’histoire universelle, car en tant que pionnière de l’émancipation et de la décolonisation, elle a ouvert la voie à la liberté des peuples opprimés. Contrairement aux grandes puissances qui interviennent dans tous les pays pour les dépouiller, les exploiter et semer la violence, Haïti est le seul pays qui a toujours versé son sang pour exhiber le flambeau de la liberté. Telle est la raison de son isolement et de sa persécution. L’ambassadrice affirme : « Les forces de l’ombre sont puissantes ; mais notre patrie vaincra, car l’arc de l’univers moral est long, il penche vers la justice ». Le bien a toujours vaincu le mal.
Grâce au sens patriotique et au dynamisme de telles personnalités engagées, de la trempe de madame Désulmé, qui restent en réserve de la République, l’espoir d’un avenir meilleur pour Haïti demeure vivant. Leurs intégrité, vision et attachement à la mère-patrie rappellent que, malgré les dérives et les désillusions, Haïti possède encore en son sein des forces morales capables d’inspirer la renaissance du pays.
Carly Dollin
