La juge fédérale Jeannette A. Vargas a rejeté jeudi la plainte en diffamation déposée par le rappeur canadien Drake contre Universal Music Group (UMG). L’artiste accusait la maison de disques d’avoir publié et promu le morceau Not Like Us de Kendrick Lamar, qui le qualifiait de « pédophile ». Pour la magistrate, ces propos relèvent de l’opinion artistique, non de faits diffamatoires.
Dans sa décision, la juge Vargas a estimé qu’« un auditeur raisonnable ne pourrait croire que Not Like Us transmet des faits vérifiables », rappelant le contexte d’une bataille de rap marquée par la provocation et l’exagération. « Les paroles s’inscrivent dans une tradition d’hyperbole et de compétition verbale typique du hip-hop », a-t-elle ajouté.
Drake, de son vrai nom Aubrey Graham, affirmait que la chanson avait porté atteinte à sa réputation et provoqué des incidents, dont une tentative d’effraction et le meurtre d’un garde à son domicile de Toronto. Il réclamait des dommages-intérêts et accusait UMG d’avoir « profité d’allégations mensongères ».
Universal Music s’est félicité du verdict, qualifiant la plainte « d’affront à la liberté créative ». Kendrick Lamar, non cité dans la poursuite, n’a pas commenté la décision.
Ce jugement marque un tournant dans la reconnaissance juridique du rap comme forme d’expression artistique. Il rejoint une tendance législative récente, notamment en Californie, où une loi de 2022 empêche l’utilisation des paroles de rap comme preuves judiciaires.
Selon plusieurs experts, l’affaire Graham c. UMG « trace une ligne claire entre art et accusation ». Le verdict, salué par la communauté hip-hop, rappelle que le rap, avec sa culture du clash et de la métaphore, reste un espace de liberté où la parole provocatrice n’équivaut pas à un aveu.
Selon pgLang Updates sur X (Twitter), la chanson à succès de la côte Ouest a refait son entrée dans le Top 100 d’iTunes et d’Apple Music après la décision de la juge Jeannette Vargas, dans plusieurs pays. Le morceau a aussi enregistré 1,2 million d’écoutes sur Spotify ce jour-là. Preuve qu’un hit reste un hit, malgré polémiques et accusations.