minute de la rédaction
Mondial 2026 – Eliminatoires, zone Concacaf
À des milliers de kilomètres de Port-au-Prince, c’est un autre visage d’Haïti qui s’apprête à se battre — celui des Grenadiers. En terrain neutre, loin du vacarme des balles et des barricades, la sélection nationale affrontera le Nicaragua pour une place décisive dans la suite des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Ce duel, au-delà du sport, se joue comme un miroir des contrastes haïtiens : un pays en panne d’État, mais pas de fierté.
Pour Haïti, l’enjeu dépasse le simple score. Une victoire permettrait de maintenir vivante la flamme d’un football qui sert souvent de refuge collectif face à l’effondrement politique et sécuritaire. Les joueurs, dispersés entre ligues étrangères, portent sur leurs épaules la charge symbolique d’un peuple orphelin de stade, de gouvernement crédible et de paix. En face, le Nicaragua aborde la rencontre avec prudence mais ambition : une victoire contre Haïti, même exilée, lui ouvrirait des perspectives inédites dans la région, renforçant sa place dans la hiérarchie des nations montantes de la Concacaf.
L’ironie veut que ce match se tienne au moment même où le gouvernement de transition haïtien vient d’adopter un budget de plusieurs milliards de gourdes, alors que le pays sombre dans une spirale de violence et de précarité. Pendant qu’à Port-au-Prince on parle d’élections et de négociations avec les gangs, les Grenadiers, eux, négocient avec le destin. Leur terrain de jeu, c’est l’un des rares espaces où la République continue d’exister sans corruption ni fusillade.
Loin des gradins, des milliers de supporters haïtiens suivront le match depuis des abris, des pays d’exil, ou des camps de déplacés. Là où le ballon roule, l’espérance respire encore.