Silencieux pendant un long moment, j’observais la toile du paysage politique de la ville du Cap-Haïtien. Ce recul nécessaire m’a permis de dresser un bilan fastidieux d’une réalité figée dans la répétition d’un scénario déjà connu.
Dans la pénombre d’une société désengagée, les miettes s’imposent comme des festins. Après environ une décennie de gouvernance, le Conseil de Transition Présidentielle (CTP) a choisi de reconduire M. Patrick Almonord, malgré les vagues de protestation qui le visent, dans un climat où le comble de la méfiance atteint des sommets inquiétants. Le conseil, sourd aux revendications populaires, avance, imperturbable.
Le cap de l’installation étant franchi, une question essentielle se pose : à quoi devons-nous désormais nous attendre?
Les défis qui attendent ce nouveau cartel sont multiples, tant sur le plan structurel que politique. Dans ses allocutions, la mairesse principale, Angie Bell, n’a effleuré qu’une infime partie des urgences auxquelles fait face la ville du Cap-Haïtien. Les cent premiers jours seront pour elle un véritable test de leadership, mais aussi une possibilité unique d’envisager un futur prolifique dans l’arène politique. Je salue, par ailleurs, sa jeunesse, son dynamisme, et surtout sa volonté de servir une cause digne de la fierté Christophienne.
Le moment n’est plus aux divergences stériles. Il appelle à l’unité, à la solidarité. Partisans ou opposants, tous doivent s’accorder sur une vérité fondamentale : la ville du Cap-Haïtien a besoin d’être sauvée.
Au collectif : Kenbe Kapòw. À travers vos engagements, je perçois une volonté de doter la région Nord d’un véritable mouvement politique, porté par des intellectuels, des défenseurs de droits humains, des visionnaires. Un mouvement qui promeut un modèle politique éclairé, où les institutions cessent d’être des lieux d’exploitation des ressources publiques à des fins privées.
Depuis la caducité du parlement haïtien, rares sont les structures ayant osé exercer un regard critique encore moins une dénonciation claire, des dérives au sein des institutions publiques.
Je crois fermement que si vous empruntez un chemin dégagé des pièges du clientélisme et des compromissions, vous pouvez devenir une force politique incontournable, un rempart contre l’effondrement de notre démocratie.
Andy PIERRE
Journaliste