« Moun ki kraze Ayiti paka patispe nan rekonstriksyon peyi-a« , tone le pasteur Mallory Laurent.
Le 7 août dernier, Laurent Saint-Cyr, en prenant ses fonctions de coordonnateur du Conseil Présidentiel de la Transition, annonçait qu’« il est venu le temps de redéfinir la diplomatie haïtienne », déjà critiquée pour ses nominations dispersées et clientélistes. « Li lè pou nou remanbre diplomasy a », déclarait-il, évoquant une réorientation stratégique nécessaire pour restaurer la crédibilité internationale d’Haïti.
Environ quatre semaines plus tard, il confie à Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste la mission de représenter Haïti à Washington auprès de l’Organisation des États Américains (OEA), pour débattre d’une « Feuille de Route » visant à structurer la paix et la stabilité dans le pays. Cette initiative concerne l’avenir de plus de 12 millions de citoyens, alors même que persiste le souvenir des interventions diplomatiques controversées lors des élections de 2010, ayant conduit à l’émergence de Sweet Micky, non classé pour le second tour.
Cependant, aucune réforme concrète n’a été mise en œuvre depuis ces annonces. Les mêmes responsables occupent les postes clés de la diplomatie, le sinécure dans les consulats perdure, et les détournements liés aux frais de passeports demeurent non traités. La diaspora haïtienne, via les réseaux sociaux, continue de dénoncer cette continuité, pointant une diplomatie figée et inefficace face aux enjeux internationaux.
À l’OEA, jeudi, selon le communiqué officiel Moving Forward with the Roadmap for Peace and Stability in Haiti, une réunion de haut niveau s’est tenue, présidée par le Ministre haïtien des Affaires étrangères, Arvel Jean-Baptiste, et appuyée par les experts techniques de l’organisation. Les discussions ont porté sur les piliers de la Feuille de Route : stabilisation sécuritaire et restauration de la paix, consensus politique et soutien à la gouvernance, processus électoral et légitimité institutionnelle, réponse humanitaire, développement durable et progrès économique.
Les équipes haïtiennes et techniques de l’OEA ont identifié les besoins urgents et défini des priorités pour orienter l’évolution future de la Feuille de Route. Cette démarche, bien qu’elle représente une avancée diplomatique sur le plan international, contraste avec l’absence de changements concrets dans la diplomatie nationale.
La divergence entre les annonces publiques et la réalité institutionnelle interroge la capacité de l’État à traduire ses engagements internationaux en actions concrètes et met en évidence la persistance d’un système marqué par le clientélisme et l’inertie administrative.