Les dirigeants de la Centrale unitaire des travailleurs des secteurs public et privé (CUTRASEPH) déclarent prendre acte de la prise de fonction de Laurent St-Cyr à la coordination du Conseil présidentiel de transition (CPT), tout en exprimant leurs inquiétudes quant au binôme St-Cyr/Fils-Aimé, représentant du secteur privé des affaires, aux commandes de la Présidence et de la Primature, qu’ils craignent susceptible d’enfoncer le pays davantage dans le chaos.
L’avènement de l’homme d’affaires Laurent St-Cyr à la tête du CPT, loin de faire l’unanimité dans le milieu politique haïtien, suscite déjà de vives préoccupations. Parmi les organisations et regroupements sociopolitiques interpellés par le passé controversé des membres de l’élite économique figure la CUTRASEPH. Lors d’une conférence de presse tenue à Delmas, le secrétaire général de la CUTRASEPH, Josué Mérilien, est revenu sur les qualificatifs « d’élite répugnante » attribués à certains acteurs du secteur économique haïtien.
Le syndicaliste affirme prendre acte de la nouvelle configuration aux commandes de l’exécutif, tout en rappelant le passé d’une classe économique réfractaire au changement social. Il estime inévitable que les représentants du secteur privé soient attendus au tournant dans la gouvernance de transition. Il appelle l’élite économique à mettre un terme au trafic d’armes et de munitions et à s’acquitter de ses obligations fiscales, soulignant que l’insécurité profite aux intérêts de ce secteur.
Concernant le remaniement ministériel annoncé, Mérilien exhorte à la vigilance citoyenne. Il dénonce la volonté de certains acteurs du secteur privé de s’approprier des postes stratégiques de l’État, notamment le ministère de l’Éducation nationale, rappelant que ce secteur représente le dernier rempart de la société.
Quant à la réouverture des classes prévue le 1ᵉʳ octobre 2025, le dirigeant de l’Union nationale des normaliens d’Haïti (UNNOH) appelle à des mesures garantissant un climat social approprié. Il plaide pour le rétablissement de la sécurité, l’élaboration d’un programme de subventions en faveur des plus modestes et la réalisation d’un audit financier du Fonds national de l’Éducation (FNE). Après huit mois de grève, une réponse aux revendications des enseignants s’impose.
Au sujet du discours d’installation du nouveau directeur général de la Police nationale d’Haïti, André Jonas Vladimir Paraison, invitant les policiers à se mobiliser contre les gangs, la CUTRASEPH insiste sur la nécessité de lier les paroles aux actes. Les déplacés forcés et les victimes de la violence des gangs sont impatients de regagner leurs quartiers, souligne le syndicaliste. Concernant le contrat signé entre l’État haïtien et des firmes privées pour opérer dans le port de Port-au-Prince, il appelle à la vigilance afin d’éviter la satisfaction d’intérêts particuliers.
Par ailleurs, des dispositions sont prévues pour le lancement de la CUTRASEPH dans l’ensemble des départements du pays. Du 20 au 27 août, l’organisation sera officiellement lancée dans le Nord, le Nord-Est et le Nord-Ouest, annonce Péguy Noël. Des conférences de presse, débats, expositions de livres et rencontres départementales avec les enseignants sur la rentrée des classes et leurs cahiers de revendications seront organisés pour rehausser l’événement. Le calendrier de lancement est ainsi réparti : 22 et 23 août dans le département du Nord ; 24 août dans le département du Nord-Est ; 26 et 27 août dans le département du Nord-Ouest.
Les dirigeants de la CUTRASEPH précisent que cette initiative vise à renforcer la lutte syndicale à l’échelle nationale afin de garantir la satisfaction des justes revendications des travailleurs et d’œuvrer pour une réelle transformation sociale.
Hervé Noël
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