Migrants haïtiens refoulés : la frontière canadienne sous tension
Ils ont bravé le froid, la nuit et l’incertitude. Dans la nuit du 25 au 26 décembre, dix-neuf migrants d’origine haïtienne, dont deux enfants en bas âge, ont traversé à pied la frontière entre les États-Unis et le Québec, près d’Havelock, en Montérégie. Interceptés par la Gendarmerie royale du Canada, plusieurs d’entre eux ont finalement été renvoyés aux États-Unis, a confirmé l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
Sans préciser le nombre exact de personnes refoulées, l’ASFC indique que toutes les demandes d’asile liées à cet incident ont été traitées, conformément à l’Accord sur les tiers pays sûrs. Ce cadre juridique oblige les demandeurs d’asile à déposer leur demande dans le premier pays jugé sûr où ils arrivent, sauf exceptions limitées.
Pour les organismes de défense des migrants, ces renvois soulèvent de vives inquiétudes. Les personnes refoulées sont généralement remises aux autorités américaines de l’immigration, avec un risque réel de détention et d’expulsion rapide, sans audience judiciaire. Une situation d’autant plus préoccupante que le statut de protection temporaire (TPS) accordé à plus de 500 000 Haïtiens aux États-Unis doit expirer en février.
Alors que Washington durcit sa politique migratoire, la pression pourrait s’accentuer à la frontière canadienne. Pour plusieurs acteurs communautaires, ces traversées irrégulières témoignent d’une double crise : l’insécurité persistante en Haïti et l’impasse migratoire en Amérique du Nord. Un cocktail explosif aux conséquences humaines bien réelles.

