2 octobre 2025
Kenya. Mémoire d’un crime ecclésial – Assassinat de Mgr Luigi Locati (14 juillet 2005) : un prêtre kenyan comme suspect principal
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Kenya. Mémoire d’un crime ecclésial – Assassinat de Mgr Luigi Locati (14 juillet 2005) : un prêtre kenyan comme suspect principal

Aujourd’hui dans l’Histoire : l’assassinat de Mgr Luigi Locati, missionnaire italien au Kenya

Le 14 juillet 2005, le Kenya fut bouleversé par l’assassinat de Mgr Luigi Locati, prélat italien de 77 ans, figure respectée de l’Église catholique locale. Installé dans le pays depuis 1962 comme missionnaire, il avait consacré plus de quarante années de sa vie au service pastoral, avant d’être nommé en 1995 vicaire apostolique d’Isiolo, une région marquée par de profondes fractures ethniques et sociales.

Ce soir d’été, aux environs de 19h30, l’évêque regagnait sa résidence, accompagné d’un garde du corps, lorsqu’il fut atteint de deux balles, à la tête et au cou. Transporté d’urgence à l’hôpital, il succomba peu après. L’émotion fut immédiate. Certains observateurs crurent d’abord à un lien avec les violences interethniques qui, quelques jours plus tôt, avaient ensanglanté Marsabit. La police démentit rapidement cette hypothèse, précisant que l’affaire relevait d’un mobile distinct.

Les funérailles, célébrées le 20 juillet à la cathédrale Saint-Eusèbe d’Isiolo, rassemblèrent une foule considérable. Le président Mwai Kibaki, des responsables religieux de diverses confessions et le nonce apostolique, Mgr Alain Lebeaupin, y assistèrent. Le chef de l’État promit alors de faire toute la lumière sur ce meurtre qui heurtait de plein fouet l’image de l’Église catholique au Kenya.

L’enquête révéla une intrigue inattendue : le crime trouvait son origine dans une lutte interne autour de la gestion des fonds ecclésiaux. Peu avant son décès, Mgr Locati avait annoncé sa prochaine retraite et décidé de restreindre l’accès de certains prêtres aux ressources financières issues de dons internationaux. Parmi les six inculpés figurait un prêtre, le Père Guyo Waqo Malley, considéré comme l’instigateur. Après un procès long de huit ans, Malley et quatre complices furent condamnés à mort en 2014, peine ensuite commuée en réclusion à perpétuité, puis réduite à vingt-sept ans en 2021.

À travers la mémoire de cet assassinat, se dessine le destin singulier d’un missionnaire venu d’Italie pour bâtir des ponts de foi et de solidarité en Afrique de l’Est, mais dont la disparition brutale mit en lumière les tensions internes d’une Église confrontée à la convoitise des ressources, autant qu’aux fractures politiques et sociales d’un pays en quête d’équilibre.

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