1 octobre 2025
Flashback, sept. 1958 – Lancement de l’Aéroport Mais Gaté : six millions investis, mais des vols passagers existaient déjà en 1944 à Bowen Field/Chancerelles
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Flashback, sept. 1958 – Lancement de l’Aéroport Mais Gaté : six millions investis, mais des vols passagers existaient déjà en 1944 à Bowen Field/Chancerelles

Flashback — Haiti Sun, 14 septembre 1958. L’ouverture du chantier de l’aéroport international de Mais Gaté fut présentée comme un tournant : deux cents ouvriers haïtiens, six millions de dollars engagés, et l’ambition d’arrimer le pays à l’ère des jets. Mais au-delà des chiffres, la mise en scène en disait long : dans les bureaux provisoires de l’entreprise, les portraits de Dessalines, de Salomon et de Duvalier transformaient le projet en récit historique, convoquant l’indépendance, la réforme et la continuité nationale.

Bien avant Mais Gaté, Port-au-Prince vivait déjà au rythme de l’aviation. À Bowen Field, aussi appelé Chancerelles, installé dès l’occupation américaine, les Marines avaient aménagé une piste rudimentaire qui servit ensuite au Corps aérien haïtien. Cet aérodrome, tout en modestie, porta les premiers élans d’une Haïti ouverte aux airs, encore cantonnée à une aviation militaire et utilitaire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la piste fut renforcée. En 1942, les Américains y accueillirent les Douglas O-38 destinés aux forces aériennes haïtiennes. Deux ans plus tard, l’aviation civile prit son essor : courrier en 1943, premiers vols passagers en 1944. Mais Bowen restait un champ étriqué, mal adapté aux exigences d’un trafic croissant et bientôt dépassé par l’arrivée des avions à réaction.

C’est dans ce contexte que l’État haïtien décida de franchir un cap. Le 14 septembre 1958, le Haiti Sun annonçait en une l’ouverture des travaux du nouvel aéroport international de Mais Gaté. Deux cents ouvriers haïtiens défrichaient alors le site sous la houlette de l’International Housing Development Corporation of Miami, adjudicataire d’un contrat de six millions de dollars.

L’argent provenait largement de l’assistance américaine. Pour l’année fiscale 1957-1958, Washington injectait 55 millions de dollars dans l’économie haïtienne, dont 12 millions pour le développement économique et social. Sur ce canevas, le contrat de Mais Gaté s’inscrivait comme un maillon stratégique, assorti de 126 000 dollars supplémentaires au-delà du devis initial. Le chantier bénéficia de l’appui technique du U.S. Maritime Division, du Corps of Engineers et de l’expertise d’Albert de Roose, dépêché de New York.

Les bureaux provisoires de l’entreprise se voulaient eux-mêmes une leçon d’histoire. Sur les murs, les portraits de Jean-Jacques Dessalines, de Lysius Salomon et du président récemment élu François Duvalier inscrivaient l’ouvrage dans une lignée symbolique : l’indépendance, la réforme, la continuité nationale.

Ainsi, de la piste sommaire de Bowen à l’ambition de Mais Gaté, Haïti passait en moins de deux décennies d’une aviation artisanale à un projet de vitrine internationale. Derrière l’image d’une modernité assumée, l’aéroport incarnait aussi la dépendance d’Haïti à l’aide américaine, entre mémoire des héros fondateurs et réalités d’une souveraineté sous perfusion.

Flashback — September 14, 1958: Work begins on Mais Gate Airport

On September 14, 1958, Haiti Sun reported the groundbreaking of Haiti’s Mais Gate International Jet Airport, with about 200 workers mobilized under contract with the International Housing Development Corporation of Miami. The project’s cost was set at USD 6 million, later supplemented by an additional USD 126,000.

Although formally contracted by the Haitian Government, funding largely came from the U.S. economic assistance program, which provided USD 55 million annually to Haiti at the time, including USD 12 million for economic and social development.

The project received technical support from American experts, notably the U.S. Maritime Division and the Army Corps of Engineers. In the contractor’s offices, portraits of Dessalines, Salomon, and Duvalier underscored the symbolic link between Haiti’s historical legacy and the modernization drive of the jet age.

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