Le Vatican serait-il également prêt à soutenir le référendum interdit par la Constitution, qui représente la plus grande violation des lois que le régime actuel s’efforce par tous les moyens de mettre en œuvre ? L’Église catholique se souvient-elle du rôle joué par l’OEA dans les « élections » de 2011 qui ont conduit à l’ascension de Michel Martelly, aujourd’hui sanctionné par les Nations unies comme l’un des individus ayant armé les gangs en Haïti ?
Lors d’une session de l’Organisation des États américains (OEA), tenue mercredi à Washington, le Saint-Siège a renouvelé son engagement en faveur d’Haïti, en exprimant sa solidarité avec un peuple plongé depuis plusieurs années dans une spirale de violences et d’instabilité institutionnelle.
Ce chaos a atteint son paroxysme après l’investiture de Michel Martelly, un chanteur misogyne, que l’OEA, dans ses recommandations, avait fait passer de la cinquième place, selon des témoins, à la deuxième place afin de procéder au second tour des élections contestées de 2011. L’équipe de Martelly s’est ensuite révélée être celle qui a dilapidé plus de 4 milliards de dollars de fonds Petro Caribe tout en armant des gangs, comme l’a confirmé dix ans plus tard un rapport officiel de l’ONU.
Mgr Juan Antonio Cruz Serrano, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’OEA, a déclaré que l’Église catholique « accueille favorablement toute initiative visant à mettre un terme à la grave crise sécuritaire et institutionnelle qui déchire ce pays caribéen ». Son intervention répondait à la présentation, par le secrétaire général de l’OEA Albert Ramdin, d’une feuille de route intitulée Towards a Haitian-Led Roadmap for Stability and Peace with Regional and International Support.
Ce document propose de relier mesures immédiates de stabilisation et réformes structurelles à long terme, en coordination avec les autorités haïtiennes et avec l’appui des partenaires régionaux.Dans son allocution, Mgr Cruz a rappelé que la situation haïtienne revêt « des dimensions sociopolitiques et humanitaires profondes et dramatiques, marquées par l’insécurité persistante, la pauvreté endémique et la violence des groupes armés ».
Depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, PHTK2, le 7 juillet 2021, Port-au-Prince vit sous la domination de gangs federes par PHTK, qui contrôlent parfois plus de 85 % du territoire urbain. Selon les données officielles, plus de 5 000 personnes ont été tuées en 2024 et des centaines de milliers d’autres ont été déplacées.
Mgr Cruz a également évoqué l’appel lancé par le pape Léon XIV, le 10 août dernier, en faveur du peuple haïtien soumis à des menaces constantes : meurtres, violences, trafics humains, exils forcés et enlèvements. Le souverain pontife avait exhorté « les responsables à libérer immédiatement les otages » et appelé la communauté internationale à fournir un soutien concret afin de créer les conditions sociales et institutionnelles nécessaires au retour de la paix.
La Conférence épiscopale d’Haïti, dans une déclaration publiée le 23 juillet, avait pour sa part dénoncé « l’effondrement de la société et la décomposition des institutions », affirmant que l’État ne garantit plus la sécurité, la justice ni même les besoins élémentaires de la population.
Concluant son intervention, le représentant du Saint-Siège a réitéré « la proximité de l’Église avec le peuple haïtien et son appui constant à toute démarche en faveur de la paix et de la stabilité »

