Dans un pays où aucun sondage politique n’a été réalisé depuis le dernier trimestre 2021 pour guider les électeurs potentiels, le gouvernement Saint-Cyr/Fils Aime se prépare à organiser des « élections », alors qu’il reste moins de quatre mois avant la fin de l’année 2025.
Flashback
Haïti – Processus électoral : l’ingénieur Alex St-Gardien Jecrois alerte depuis la diaspora
L’ingénieur Alex St-Gardien Jecrois, le 16 avril dernier, exprime de profondes inquiétudes concernant le déroulement du processus électoral en Haïti. Selon ses déclarations, les conditions actuelles apparaissent insuffisantes pour garantir des élections réellement libres, transparentes et crédibles.
Le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé avait initialement fixé le budget des prochaines élections à 55 millions de dollars américains, un montant qui a récemment été porté à 60 millions sans justification officielle. Pour l’ingénieur Jecrois, cette augmentation constitue un signal préoccupant dans un contexte marqué par la crise sociale et économique persistante : « Cette hausse est suspecte et injustifiable », souligne-t-il.
Le coût par bulletin de vote représente également une source majeure de questionnement. Estimé à 11 dollars américains pour une population électorale d’environ six millions de citoyens, ce chiffre apparaît disproportionné au regard de l’état des infrastructures électorales et de la logistique disponible, encore largement précaire. « Comment expliquer une telle dépense par électeur alors que les conditions matérielles restent déficientes ? », s’interroge-t-il.
La fiabilité de la base de données électorale, constituée par l’Office national d’identification (ONI), alimente également de sérieuses inquiétudes. Des doublons estimés à 800 000 enregistrements auraient été recensés, et bien qu’un audit ait été recommandé, aucune évaluation indépendante n’a été menée à ce jour. Pire encore, le contrat d’audit a été attribué sans appel d’offres à la firme SATORI CONSULTING depuis 2023. Selon Jecrois, cette société aurait perçu des fonds sans réaliser d’activité concrète, et ce contrat, qualifié de « GRE- a GRE », aurait été octroyé directement par le cabinet de l’ex-Premier Ministre Ariel Henry, contournant les instances légitimes comme l’ONI.
Malgré la validation du contrat par la Cour supérieure des comptes, aucun rapport n’a été rendu public, révélant, selon Jecrois, un déficit manifeste de gouvernance et de transparence. « Aucune élection ne pourra se tenir tant que ces anomalies structurelles ne seront pas corrigées », insiste-t-il, appelant à un audit indépendant et immédiat de la base de données électorale avant toute convocation officielle aux urnes.
Depuis la diaspora, l’ingénieur en appelle à la vigilance de la société civile et des partenaires internationaux, considérant que la consolidation de la démocratie haïtienne ne saurait reposer sur des fondations fragiles et entachées de suspicion. Son intervention souligne l’urgence d’une réforme profonde des mécanismes électoraux et d’une supervision transparente afin de restaurer la confiance des citoyens dans le processus démocratique.
