Inculpation fédérale de Jimmy “Barbecue” Chérizier et de son complice pour conspiration en vue de violer les sanctions américaines
Washington, DC – 12 août 2025 — Le ministère américain de la Justice a annoncé l’inculpation de Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », chef de gang haïtien de 48 ans, et de Bazile Richardson, également âgé de 48 ans, citoyen américain naturalisé originaire d’Haïti, dans une affaire de complot visant à contourner les sanctions économiques imposées par les États-Unis. L’acte d’accusation, rendu public par le tribunal fédéral du District de Columbia, expose un schéma transnational par lequel les accusés auraient collecté et transféré des fonds depuis les États-Unis vers Chérizier en Haïti, en violation de la législation fédérale sur les sanctions et des ordonnances présidentielles relatives à la lutte contre le financement des acteurs violents étrangers.
Un chef de gang sous sanctions multiples
Ancien policier de la PNH, Chérizier est visé depuis décembre 2020 par des sanctions américaines pour son rôle dans de graves violations des droits humains, notamment le massacre de La Saline en novembre 2018, qui a causé la mort d’au moins 71 personnes, la destruction de plus de 400 habitations et des violences sexuelles contre plusieurs femmes. Outre les États-Unis, les Nations unies, le Canada et le Royaume-Uni l’ont également sanctionné. Il dirige aujourd’hui Viv Ansanm, une coalition criminelle classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, regroupant plusieurs gangs opérant à Port-au-Prince et impliquée dans des attaques coordonnées visant à renverser le gouvernement haïtien de transition.
Les accusations portées
Selon le ministère de la Justice, Richardson aurait sollicité des membres de la diaspora haïtienne aux États-Unis afin d’envoyer de l’argent à Chérizier par l’intermédiaire de tiers. Les fonds, dissimulés pour éviter les détections bancaires et douanières, servaient au versement de salaires aux membres de Viv Ansanm et à l’achat d’armes auprès de trafiquants locaux. L’acte d’accusation mentionne la transmission de photographies de reçus comme preuves de transfert vers le chef de gang.
Richardson a été arrêté le 23 juillet 2025 à Pasadena (Texas) et doit comparaître devant le tribunal fédéral de Washington, DC. Chérizier, quant à lui, est présumé toujours présent en Haïti et demeure fugitif.
Réaction des autorités américaines
La procureure fédérale pour le District de Columbia, Jeanine Ferris Pirro, a souligné que cette procédure illustre « la détermination des États-Unis à empêcher que des criminels violents, responsables d’atrocités, bénéficient de l’appui logistique ou financier de résidents américains ». Le procureur général adjoint chargé de la sécurité nationale, John A. Eisenberg, a insisté sur le caractère prioritaire de la lutte contre les flux financiers transfrontaliers qui alimentent l’instabilité en Haïti.
Enquête et coopération inter-agences
L’enquête a mobilisé plusieurs agences fédérales : FBI (bureaux de Miami, Houston, Boston et Charlotte), Homeland Security Investigations (HSI), Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (ATF) et Drug Enforcement Administration (DEA), avec le soutien de procureurs fédéraux en Floride, au Texas et en Caroline du Nord. Cette opération illustre la capacité des autorités américaines à coordonner des actions judiciaires complexes à portée extraterritoriale.
Perspectives
Le Département d’État offre jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation ou à la condamnation de Chérizier. Cette inculpation marque une étape décisive dans la stratégie américaine visant à tarir les sources de financement des gangs haïtiens et à affirmer l’application extraterritoriale de sa législation en matière de sanctions économiques. Elle soulève toutefois la question de la coopération judiciaire et policière entre Washington et Port-au-Prince, dans un contexte où l’autorité étatique haïtienne reste fragilisée par la crise sécuritaire et institutionnelle.
source: US Department of Justice