L’afflux d’armes illicites en provenance des États-Unis, aux mains des gangs haïtiens, désarme la police kényane
Des armes à feu en provenance des États-Unis, et introduites clandestinement en Haïti, sont désormais aux mains de puissants groupes armés qui ont pris le contrôle de la capitale, Port-au-Prince. Cette militarisation des gangs contribue à l’effondrement de l’État haïtien, à la déstabilisation régionale, et compromet gravement les efforts de maintien de la paix, notamment la mission de police envisagée par le Kenya.
Des parlementaires et divers rapports ont confirmé que la majorité des armes à feu illicites utilisées dans ce contexte proviennent de l’État de Floride, aux États-Unis.
Ces armes, bien que vendues initialement de manière légale sur le territoire américain, sont ensuite détournées via des circuits maritimes, tels que la rivière Miami (Miami River) et le port de Port Everglades, avant de parvenir aux groupes criminels opérant en Haïti.
La Floride, foyer majeur de la prolifération d’armes illégales
La représentante Sheila Cherfilus-McCormick (Parti démocrate, Miramar), soutenue par plus de trente parlementaires américains, a adressé une correspondance à l’administration Trump afin d’exiger des mesures renforcées pour stopper cette hémorragie d’armes vers Haïti.
« Le flux incontrôlé d’armes illicites vers Haïti ne constitue pas seulement une menace pour la sécurité de millions d’Haïtiens. Il représente également un péril pour la sécurité nationale des États-Unis », écrivent les signataires de la lettre adressée au Secrétaire d’État Marco Rubio et à la Secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem.
Selon Cherfilus-McCormick, ces armes ont permis aux gangs de s’emparer de plus de 90 % de la capitale haïtienne, où ils orchestrent désormais des violences à grande échelle.
La lettre parlementaire rappelle que près de 90 % des armes à feu destinées aux Caraïbes sont expédiées depuis la Floride.
Les groupes armés, enhardis par cet arsenal, ont causé le déplacement de plus d’un million de personnes et la mort de plusieurs milliers d’autres.
Confirmation de la crise par les Nations Unies
Un rapport publié par l’Organisation des Nations Unies ce vendredi indique qu’entre avril et juin 2025, au moins 1 520 personnes ont été tuées et plus de 600 autres blessées dans le contexte de violences armées.
La majorité des incidents ont eu lieu à Port-au-Prince, où plus de 90 % du territoire urbain est désormais contrôlé par des bandes criminelles. Environ 20 % des actes de violence ont été enregistrés dans la région centrale du pays.
Plus de 60 % des décès recensés sont survenus lors d’opérations menées par les forces de sécurité, tandis que 12 % sont imputables à des groupes d’auto-défense.
Le rapport onusien souligne que « les armes américaines illicites ne ravagent pas seulement Haïti ; elles constituent également une menace directe pour la sécurité des États-Unis ».
Initiatives législatives et mesures proposées
Afin de freiner la contrebande, les parlementaires demandent un renforcement du contrôle douanier des cargaisons au départ des ports floridiens, sous la supervision de l’agence américaine des douanes et de la protection des frontières (U.S. Customs and Border Protection).
Ils proposent également une collaboration plus étroite avec le Bureau fédéral de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) pour tracer les armes, la fermeture des failles juridiques permettant l’expédition non déclarée de colis d’une valeur inférieure à 325 000 KSh (environ 2 500 dollars US), ainsi qu’un partenariat accru avec la République dominicaine pour intercepter les armes à la frontière.
Dans cette optique, la représentante Cherfilus-McCormick a soumis au Congrès une proposition de loi intitulée Caribbean Anti-Smuggling of Trafficked Arms Act, actuellement en attente d’examen devant le Comité des services armés de la Chambre des représentants.
Les parlementaires alertent enfin sur le risque de contagion régionale si l’instabilité haïtienne continue de s’aggraver sans réponse coordonnée, mettant en péril la sécurité tant des pays voisins que celle des États-Unis eux-mêmes.
