De retour d’une « visite officielle » à Washington, avec une escale en Floride, le Premier ministre de facto Alix Didier Fils-Aimé a été publiquement pris à partie, jeudi dernier, par des passagers haïtiens à bord d’un vol à destination du Cap-Haïtien. Assis en première classe, le chef de gouvernement de doublure a subi les invectives de compatriotes indignés par sa gestion des affaires publiques.
Un passager lui a lancé avec véhémence : « Vous avez voyagé, vous avez vu un pays. Et pourtant, vous continuez de traiter les Haïtiens comme des porcs ». Cette interpellation directe, au sein d’un espace clos, a mis à nu le ressentiment d’une frange de la diaspora à l’endroit de dirigeants accusés d’ètre totalement déconnectés des aspirations populaires.
Cette scène, bien que spontanée, s’inscrit dans un climat politique délétère. Elle illustre le divorce de plus en plus manifeste entre les élites politiques haïtiennes et les Haïtiens de l’extérieur. Pour nombre d’observateurs, Didier Fils-Aimé incarne un « pouvoir illégitime et corrompu« , tenté d’instrumentaliser le référendum constitutionnel pour renforcer un ordre autoritaire.
Sa tentative d’associer la diaspora à ce processus est massivement rejetée, comme en témoigne cette humiliation avant le décollage de l’appareil. La critique, portée sur un mode frontal, souligne l’impossibilité pour les élites actuelles de se réconcilier avec une communauté exilée, exigeante quant à la transparence, la reddition de comptes et l’intégrité institutionnelle.
À son arrivée à Port-au-Prince, M. Fils-Aimé aurait fait mettre en scène une réception politique, avec des manifestants soigneusement mobilisés pour simuler un soutien populaire.
