L’Edito du Rezo
Notre référendum à nous!
Il est inacceptable de continuer à obtenir chaque année une note de 17/100 à l’indice de corruption de Transparency International. Ces mauvais élèves doivent être renvoyés chez leurs parents.
Le 7 octobre 2025, à quatre mois du terme prévu pour la fin du mandat du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), la République semble attendre un miracle administratif. Selon l’accord du 3 avril 2024, le CPT devait remettre les clés de la maison nationale le 7 février 2026. Or, comme souvent en Haïti, les locataires provisoires s’habituent vite au confort des fauteuils et à la climatisation de la Primature.
Ce référendum symbolique – notre référendum à nous – vient rappeler une évidence : le peuple n’a jamais abdiqué son droit à juger ceux qui prétendent gouverner en son nom. La question ne demande ni colloque ni commission :
Le CPT doit-il partir ou non le 7 février 2026 ?
Certains crieront à l’inconstitutionnalité, oubliant qu’en matière d’incohérence juridique, le CPT a déjà atteint des sommets. Car si la Constitution de 1987 interdit tout référendum, elle interdit aussi tout pouvoir de transition prolongé sans base électorale. Autrement dit, le CPT viole la loi au nom de la légalité, et appelle cela gouvernance.
Depuis son installation, cette équipe censée redresser la République s’est muée en comptoir de budget fantôme et de promesses creuses. Les routes sont toujours impraticables, les gangs ont agrandi leurs territoires comme de nouvelles provinces, et la Banque Nationale de Crédit a, en novembre 2024, ajouté le scandale à la faillite morale. Pendant que le peuple compte ses morts, le CPT compte ses voyages et ses conférences.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’échec du CPT n’est pas celui de quelques dirigeants fatigués. Il est collectif. Il est l’échec de tous les partis qui ont signé leur nom sur la ligne de départ avant de feindre l’indignation aujourd’hui. Le ver était déjà dans le fruit, logé au cœur de cette coalition d’intérêts travestis en sauvetage national. Certains, flairant le naufrage, ont sauté du navire à temps ; d’autres, plus habiles, ont simplement changé de pavillon.
L’histoire, elle, reste droite. En 1990, Ertha Pascal-Trouillot avait tenu sa promesse : conduire le pays vers des élections. Trente-cinq ans plus tard, le CPT n’a conduit que vers le désenchantement. Le référendum que nous proposons ne demande ni urnes ni observateurs, seulement un sursaut moral :
Le CPT doit-il partir ou non le 7 février 2026 ?
Car respecter nos lois, c’est d’abord se respecter soi-même. Et refuser que d’autres, qu’ils viennent de Washington ou de Pétion-Ville, décident à notre place de la fin de la transition.
Notre référendum n’est pas un caprice : c’est une réponse républicaine à la comédie institutionnelle. La souveraineté populaire ne s’achète pas en per diem ni ne s’improvise à la table des bailleurs. Haïti, fidèle à son histoire, doit cesser de négocier son destin à crédit et retrouver le courage de dire non — calmement, légalement, mais définitivement.

