Plusieurs conseillers-présidents, notamment Laurent Saint-Cyr, Frinel Joseph et directeurs généraux… lorsqu’ils souhaitent s’occuper de leurs affaires personnelles, comme rendre visite à leur famille à l’étranger, s’invitent à des forums internationaux. Rappelons que M. Saint-Cyr n’a jamais fourni de rapport sur sa participation à un forum en Angleterre…
À peine rentré des Nations Unies, Laurent Saint-Cyr s’envole déjà vers Tokyo. Une transition en apnée, un pays sans pilote. La République, elle, continue de compter ses morts, ses routes impraticables et ses institutions en veille. Peu importe l’ampleur des cérémonies au Japon : un ministre ou l’ambassadeur d’Haïti sur place aurait suffi. Mais le Président du Conseil Présidentiel de Transition s’obstine à croire que la représentation internationale peut remplacer la gouvernance nationale.
Cette légèreté rappelle étrangement la fin de parcours d’Ariel Henry, bloqué à l’étranger après un voyage de trop. L’histoire, lorsqu’on la néglige, revient sous forme de rappel brutal. Laurent Saint-Cyr agit comme si le pouvoir lui appartenait de droit, oubliant qu’il ne tient que d’un accord circonstanciel. Le peuple ne l’a pas élu ; son mandat découle d’un consensus, non d’un bulletin de vote. Cela devrait imposer prudence, discrétion, et surtout humilité.
Sur le plan constitutionnel, le délai fixé par l’accord du 3 avril 2024 expire le 7 février 2026. Parler aujourd’hui de référendum ou d’élections générales en quatre mois relève d’une incapacité politique manifeste. Les conditions matérielles, juridiques et sécuritaires ne sont pas réunies. Toute tentative de prolongation de fait serait un abus de pouvoir — un ultra vires assumé sous couvert de patriotisme.
La vérité, Monsieur Saint-Cyr, c’est que le pays n’attend pas un voyageur de prestige mais un administrateur lucide. Gouverner n’est pas s’afficher à New York, Miami, Tokyo…, c’est rester présent quand tout vacille. Rappelez-vous que votre véritable employeur n’est pas le peuple haïtien — puisqu’aucun bulletin n’a jamais porté votre nom — mais un fragile équilibre de circonstances. Et ces circonstances, elles aussi, ont une date de retour.