Avertissement aux lecteurs :
Toute ressemblance avec des personnages vivants, occupant ou ayant occupé des fonctions publiques, n’est ni fortuite, ni purement involontaire. Elle relève d’un réalisme tragique que seule la satire permet encore de documenter avec lucidité.
Entre les sourires posés pour la presse haitienne et les engagements flous récoltés auprès d’obscurs fonctionnaires, Alex Didier Frizemé revient de sa tournée avec les bras chargés… de vide. La tradition politique haïtienne continue : on gouverne à coups de photos et de déclarations, pendant que le pays glisse sous les seuils les plus bas de sa propre décadence.
Conférence de presse improvisée de M. Alex Didier Frizemé à l’aéroport du Cap-Haïtien
Journaliste 1 – Radio Mélancolie Nationale :
Monsieur le Premier ministre, bon retour en Haïti. Après plusieurs jours à Washington, que pouvez-vous nous dire de cette mission hautement diplomatique ?
PM Alex Didier Frizemé (le ton grave mais satisfait, yeux fatigués de triomphes invisibles) :
Merci beaucoup. Ce voyage fut d’une portée capitale. J’ai foulé le sol de la Maison Blanche. Certes, je n’ai pas rencontré le président Donald Trump — son agenda était… présidentiel. Mais j’ai eu une audience substantielle avec un Senior Liaison Officer, hautement stratégique dans l’architecture silencieuse du pouvoir. J’ai aussi rencontré un sous-secrétaire d’État et un congressman influent avec anpil foto à l’appui.
Journaliste 2 – Le Quotidien de la République :
Quelles sont les retombées concrètes pour Haïti ?
Alex Didier Frizemé (souriant avec une assurance ministérielle) :
Des promesses. Des engagements. Des perspectives. Et je suis rentré avec mes paniers bien garnis – comme l’ont fait avant moi mes mentors institutionnels : Leslie Révoltaire, Edgar LeNoir Fils, Fritz Lajean, Laurent Etudiant Saint-Cyr… et bien entendu, l’éminent Alex Didier Frizemé. Nous marchons dans leurs sillons : ceux des engagements sans échéance, des calendriers sans date, et des projets toujours à venir. Haïti avance, en projection.
Journaliste 3 – Télé Bonheur Souverain :
Avez-vous évoqué le référendum constitutionnel annoncé depuis 2024, reporté de février à mai, et désormais suspendu dans un décret référendaire sans date ?
PM Frizemé (d’un ton détaché, presque méditatif) :
Le référendum est un processus délicat. Il habite nos réflexions, il est inscrit dans notre volonté réformiste de tirer revanche sur ce qui a été fait en mars 1987 par des anti-macoutes. Nous n’avons pas abordé ce point spécifiquement — nous avons privilégié les élections-sélections, ces mécanismes de légitimation tant appréciés à l’international. Le décret référendaire existe. Il est dans les archives. Sans date, certes, mais plein de sens pour démontrer qu’on est sérieux dans la continuité des démantèlements des institutions nationale.
Journaliste 4 – Le Démocrate en Exil :
On évoque la signature d’un contrat de plus de 25 ans avec une firme étrangère. Or vous n’avez, constitutionnellement, ni mandat populaire ni délégation législative pour cela.
PM Frizemé (le regard fixe, une main sur le micro, l’autre sur la Constitution PHTK-KPT imaginaire) :
Ce contrat, c’est une projection. Une vision d’avenir. L’État doit anticiper, planifier, garantir une continuité stratégique au-delà des conjonctures. Il s’agit là d’un accord de partenariat public-privé visionnaire. Le chiffre de 25 ans est pure coïncidence. Haïti a besoin de stabilité contractuelle. Et puis, ces accusations, vous savez, viennent souvent de ceux qui n’ont jamais rien signé, sauf des communiqués de protestation.
Journaliste 5 – Haïti-Réalité :
Certains analystes affirment que le pays est aujourd’hui dans un état plus désagrégé qu’à votre arrivée au pouvoir, avec les neuf autres membres pigeon-voyageurs du Haut Conseil made by Caricom. Que répondez-vous ?
PM Frizemé (presque philosophe) :
L’effondrement est une notion relative. Le Cap-Haïtien est encore debout, l’aéroport fonctionne bien avec sa petite piste d’atterrissage, et je viens d’y atterrir. C’est déjà un exploit. Le peuple attend, espère. Et nous lui offrons de l’espoir bien formulé. L’administration actuelle est une coalition de volontés sincères, de photos sérieuses, et de décrets suspendus dans l’éther républicain.
Journaliste 6 – Le Rieur Républicain :
Un mot sur les « élections » à venir ?
PM Didier Frizemé :
Voyons, soyons sérieux. On est déjà au beau milieu du 7e mois de l’année. Les élections auront lieu quand elles auront lieu. C’est une certitude morale. Nous voulons renouer avec la candeur de 1990. Une surprise nationale, dans le meilleur sens du terme. Un scrutin digne, serein, propre. Un rêve que seuls les sceptiques osent contester. Et nous les décevrons par notre réussite inattendue.
Note finale de la rédaction :
Moins d’une heure après cette déclaration, M. Fusémé a quitté Cap-Haïtien en avion privé pour Port-au-Prince. Son passage a laissé une piste poussiéreuse, un micro en suspension, des journalistes désorientés — et une République toujours en suspens.