Ce lundi 7 juillet 2025 marque le quatrième anniversaire de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, un magnicide resté impuni, révélateur d’une faillite institutionnelle profonde. C’est dans ce contexte que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) annonce son intention de descendre au Champ de Mars pour « honorer » la mémoire du défunt chef d’État. Mais à Port-au-Prince, rien n’est neutre, et rien ne se fait sans conséquences.
L’incendie survenu à l’hôtel Oloffson, patrimoine historique situé à proximité du lieu de la cérémonie, jette une lumière inquiétante sur cette initiative. S’agit-il d’un avertissement ? D’une protestation contre d’éventuels accords souterrains avec les groupes armés terroristes ? Ou d’une réaction directe à l’instrumentalisation politique de la mémoire du 7 juillet ?
Ce déplacement du CPT dans un périmètre contrôlé en partie par des gangs soulève une série de questionnements majeurs. À quel prix cette sortie publique est-elle rendue possible ? Des négociations ont-elles été menées avec les groupes armés pour « sécuriser » la cérémonie ou faire taire leurs armes ? Et si oui, sous quelles conditions ? Le silence des autorités sur la question est révélateur. L’incendie de l’Oloffson, lieu symbolique à la croisée du politique et du culturel, pourrait bien représenter l’expression d’un mécontentement non maîtrisé, un message de rejet adressé à ceux qui prétendent diriger sans mandat, ni cohérence, ni vision. À quelques centaines de mètres du Champ de Mars, la République prend feu — au sens propre comme au figuré.
Depuis novembre 2024, les membres du CPT savent pertinemment qu’ils ne peuvent légalement organiser des élections, encore moins proposer un référendum, interdit par l’article 284.3 de la Constitution. Pourtant, ils persistent dans une fuite en avant, multipliant les effets d’annonce et les manœuvres dilatoires. Le déplacement de Frinel Joseph à Venise pour consulter une commission étrangère, aux frais de l’État, en témoigne : une dépense inutile, pour une conclusion connue d’avance. La diaspora ne pourra pas voter faute de cadre légal et technique. Le référendum n’est ni constitutionnel ni légitime. Pendant ce temps, les foyers brûlent, les quartiers se vident, et la désillusion s’installe.
Le 7 juillet 2025 aurait pu être un moment de vérité, d’humilité, d’engagement envers la justice. Il n’en sera rien. Neuf membres du CPT, retranchés derrière leurs privilèges et leur illégitimité, s’apprêtent à défiler dans une capitale en ruine, jouant une dernière scène d’un théâtre épuisé. Ils commémorent une figure qu’ils n’ont jamais défendue, dans une République qu’ils ne savent plus incarner. L’Oloffson brûle, mais c’est toute une génération qui se consume. Le signal est clair : le pays n’en peut plus. Messieurs, assez de simulacres. Vous avez échoué. Il est temps de partir.
cba