8 octobre 2025
Le pasteur Frinel Joseph, pigeon-voyageur cloué au sol : révélera-t-il l’usage de mercenaires par le CPT ?
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Le pasteur Frinel Joseph, pigeon-voyageur cloué au sol : révélera-t-il l’usage de mercenaires par le CPT ?

Pigeon-voyageur ‘paka volé’ : la disgrâce silencieuse du pasteur Frinel Joseph au sein du CPT

A la suite d’une prise de parole inhabituelle, Frinel Joseph, membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a publiquement dénoncé l’inertie de ses collègues, révélant notamment qu’aucun conseil des ministres ne s’était tenu depuis plusieurs semaines. Une déclaration qui n’a rien d’anecdotique : elle révèle l’effondrement opérationnel d’un organe vidé de son autorité, incapable d’assurer les fonctions élémentaires de l’État.

Ce n’est ni en éclaireur lucide ni en homme de principes que le pasteur Frinel Joseph s’est enfin exprimé, mais plutôt en conseiller marginalisé, écarté des voyages, des tractations et des cercles d’influence au sein d’un Conseil Présidentiel de Transition en état de décrépitude avancée. Mais au-delà du constat institutionnel, cette sortie semble surtout motivée par une frustration personnelle. Selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Frinel Joseph se serait vu refuser l’autorisation de se rendre à Washington. Ce déplacement devait s’inscrire dans le cadre des démarches diplomatiques relatives à l’agenda électoral haïtien.

Or, cette mission fut confiée à Smith Augustin, – un des trois braqueurs de la BNC -, missionné à deux reprises sans consultation ni inclusion du président du CPT. Refoulé des sphères décisionnelles, Frinel réagit non pas par souci de transparence, mais sous l’effet d’une humiliation. Le ton est celui d’un homme froissé, dont les dénonciations s’apparentent davantage à des règlements de comptes internes qu’à un exercice de redevabilité. Et voilà qu’émerge la figure ironique du pigeon voyageur paka volé, symbole d’un dirigeant désavoué, cloué au sol, dont les ailes ne servent plus qu’à s’agiter dans le vide.

Mais à trop vouloir faire du bruit autour de ses collègues, Frinel Joseph en dit peu sur l’essentiel. Pasteur, homme public, signataire d’un exécutif en ruine, il tait toujours l’une des questions les plus lourdes de conséquences : le CPT a-t-il, oui ou non, engagé des mercenaires pour reprendre le contrôle du territoire aux gangs armés ? Et, si tel est le cas, à quel prix, avec quels fonds, et sur quelle base légale ? Dans un pays exsangue, livré à la violence, la véritable posture morale n’aurait-elle pas été de répondre à ces interrogations fondamentales, plutôt que de se lamenter sur une invitation manquée ? Le silence du pasteur sur ce point éclaire bien davantage que ses dénonciations tardives. À défaut de vérité, il nous laisse une confession d’amertume, sans courage ni transparence.

Cette séquence soulève une interrogation plus profonde sur la cohérence éthique de la posture de Frinel Joseph, pasteur de formation et acteur politique de circonstance. Pour nombre d’observateurs, dont un ancien député, l’engagement spirituel dont il se réclame aurait dû l’inciter à une forme de retrait responsable, loin des compromis et des silences qui ont marqué la trajectoire du CPT. Aussi véhémente soit-elle, sa dénonciation publique ne suffit pas à masquer son implication prolongée dans un mécanisme de transition devenu synonyme d’impasse, où l’absence de cap, de rigueur et de crédibilité mine chaque jour davantage l’idée même de gouvernance.

cba

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