Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance, tire la sonnette d’alarme. Il dénonce un Conseil présidentiel de transition (CPT) profondément divisé, une Task force contreproductive et une diplomatie haïtienne en pleine dérive.
Selon Pierre Espérance, quatre membres du CPT — dont trois impliqués dans une affaire de tentative d’extorsion à la Banque nationale de crédit (BNC) — s’acharnent à vouloir remplacer trois directeurs généraux clés par des proches, acquis à leur cause. Cette manœuvre viserait à imposer leur influence sur des postes stratégiques de l’appareil étatique.
Depuis le 1er mars 2025, date marquant le début des opérations utilisant des drones armés, au moins 200 bandits liés à la coalition « Viv Ansanm » ont été tués et plus de 300 blessés, indique le RNDDH. Pourtant, Pierre Espérance déplore une absence criante de coordination entre la Task force et les forces de police. Il cite notamment l’échec de l’opération menée contre le chef de gang Vitelhomme Innocent, le samedi précédent. Aucun caïd notoire n’a été neutralisé, nourrissant les soupçons de connivence entre les opérateurs de drones et les groupes armés.
Par ailleurs, près de trois mois après sa désignation comme coordonnateur du CPT, Fritz Alphonse Jean n’est toujours pas parvenu à convoquer une réunion du Conseil des ministres. En cause : le blocage orchestré, selon Espérance, par les conseillers Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Laurent St-Cyr, déterminés à faire avancer leur propre agenda politique. Sont notamment ciblés pour être remplacés : les directeurs de la Police nationale d’Haïti (PNH), de l’Administration générale des Douanes (AGD) et de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC).
Sur le plan diplomatique, la situation est tout aussi préoccupante. Pierre Espérance dénonce une série de nominations opérées en dehors des règles établies. Des individus dépourvus de compétences, parfois au passé douteux, auraient été placés à la tête de missions diplomatiques à la suite de recommandations de conseillers-présidents, ministres ou autres officiels de la transition. « La diplomatie haïtienne est aujourd’hui un outil de népotisme, dominée par l’incompétence et la déviance institutionnelle », affirme le militant des droits humains.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com