8 octobre 2025
Dr Claude Joseph face à ses incohérences : le double langage sur les gangs dans la diplomatie haïtienne
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Dr Claude Joseph face à ses incohérences : le double langage sur les gangs dans la diplomatie haïtienne

Claude Joseph (EDE, un parti aux financements nébuleux) et la politique du double langage : entre dénonciation sélective et stratégie d’acquittement

N’était-il pas déjà en poste lors de la fédération des gangs criminels en G9 ?

En janvier 2025, le parti EDE, dirigé par le Dr Claude Joseph, co-signe une lettre adressée au sénateur américain Marco Rubio, sollicitant la désignation des groupes armés « Viv Ansanm » et « Gran Grif » comme organisations terroristes. Cette initiative visait à se démarquer des accusations croissantes de collusion entre des figures du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et les chefs de gangs. Le document opérait ainsi une tentative implicite de réhabilitation, éludant soigneusement la question des alliances politiques passées avec les milieux criminels.

Cependant, le 5 juin 2025, dans une nouvelle correspondance également adressée à Marco Rubio, Claude Joseph adopte un ton tout autre. Le texte, long et emphatique, salue certes la désignation des gangs comme entités terroristes — fruit, rappelle-t-il, d’une « correspondance conjointe » —, mais s’insurge simultanément contre la mesure d’interdiction de visa imposée par les États-Unis aux ressortissants haïtiens. Pour appuyer sa position, le document mobilise des références historiques — de la Révolution haïtienne à la vente de la Louisiane — ainsi que le rôle de la diaspora, dans une tentative de recontextualisation de la politique migratoire américaine.

Ce retournement rhétorique révèle une dissonance stratégique majeure. D’un côté, Claude Joseph appelle Washington à frapper les gangs issus de la fédération du G9, consolidée sous l’ère PHTK 2 dont il fut un acteur central ; de l’autre, il cherche à minimiser les conséquences diplomatiques et migratoires d’une telle désignation, plaidant pour un traitement bienveillant à l’égard des Haïtiens, tout en évitant soigneusement de remettre en question l’impunité persistante des élites nationales.

Cette ambivalence n’est pas fortuite. Claude Joseph semble vouloir, selon une formule bien connue, « avoir le beurre et l’argent du beurre ». À l’extérieur, il adopte une posture de fermeté sécuritaire, cautionnant des initiatives contre les gangs auxquels il a pourtant assisté à l’ascension. Sur le plan intérieur, il élude toute réflexion critique sur sa propre implication et celle de ses alliés dans la formation du CPT ou dans les échecs politiques passés. La lettre de juin, qui invoque le respect dû aux citoyens haïtiens « respectueux des lois », fait silence sur l’absence d’un État capable de leur assurer protection et justice. Et voilà déjà quatre ans que Martissant a été abandonné aux gangs, alors que Claude Joseph était Premier ministre sous le régime Tèt Kale / PHTK 2 et ministre PHTK3, un régime défaillant.

Cette stratégie du double langage trouve un précédent révélateur dans son attitude diplomatique passée : en décembre 2020, alors Premier ministre, Claude Joseph s’était abstenu lors du vote de la résolution A/RES/75/237 des Nations unies sur l’élimination du racisme. Une abstention difficilement compréhensible de la part d’un représentant d’un pays dont l’identité historique est indissociable de la lutte contre l’esclavage et l’oppression raciale. Ce silence à l’ONU reflète une constante : l’évitement des positions claires sur les enjeux fondamentaux.

À travers ces correspondances successives, Claude Joseph incarne une figure emblématique d’une classe politique tiraillée entre quête de légitimité internationale et refus d’assumer ses responsabilités. L’instrumentalisation opportuniste du discours sécuritaire, conjuguée à la défense ponctuelle des droits migratoires, produit une dissonance qui affaiblit toute perspective de reconstruction politique crédible.

À l’heure où Haïti traverse une crise d’une gravité inédite, la clarté et la cohérence devraient constituer les premières exigences adressées à celles et ceux qui aspirent à gouverner, ou qui gravitent encore dans les sphères du pouvoir. Or, cette duplicité ne fait qu’aggraver la fracture entre une population en détresse et des dirigeants de plus en plus discrédités — certains faisant même l’objet de suspicions judiciaires pour complicité présumée dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, d’autres réduits à une posture opportuniste, du type woule’m de bò.

cba

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