Après des années de relations tendues marquées par des crises diplomatiques majeures, le Canada et la Chine amorcent un rapprochement prudent. Jeudi, le premier ministre canadien Mark Carney et son homologue chinois Li Qiang ont convenu de « régulariser » leur dialogue bilatéral, selon un communiqué émis par Ottawa.
Les deux chefs de gouvernement ont échangé lors d’un appel téléphonique à l’initiative de M. Carney, élu récemment. Cette prise de contact marque une volonté de part et d’autre de tourner la page d’une série d’incidents diplomatiques qui ont profondément altéré les relations entre les deux pays.
Des années de turbulences
Les tensions sino-canadiennes se sont envenimées depuis l’arrestation, en 2018, de Meng Wanzhou, dirigeante du géant chinois Huawei, par les autorités canadiennes, suivie par l’arrestation de deux Canadiens – Michael Kovrig et Michael Spavor – en Chine, accusés d’espionnage. Bien que les trois aient été libérés, la méfiance a persisté, alimentée par des accusations d’ingérence chinoise dans les affaires canadiennes et par des expulsions réciproques de diplomates en 2023.
À ces différends s’ajoute une grave détérioration du climat bilatéral avec l’exécution, en 2025, de quatre ressortissants canadiens en Chine, officiellement pour des affaires de drogue. Pékin avait invoqué une stricte application de la loi, mais Ottawa avait exprimé son indignation.
Un dialogue rétabli
Malgré ce passif, les deux dirigeants ont souligné l’importance du dialogue. Li Qiang a reconnu que les relations « ont connu de sérieuses difficultés » mais a exprimé la volonté de Pékin de « travailler avec le Canada pour défendre le multilatéralisme et le libre-échange », dans un contexte mondial de montée du protectionnisme, notamment sous l’impulsion des États-Unis.
Mark Carney a, de son côté, abordé plusieurs « dossiers irritants », dont les sanctions commerciales chinoises touchant l’huile de canola et les produits de la mer canadiens. Ces mesures font suite aux surtaxes imposées par Ottawa sur les véhicules électriques chinois.
Coopération contre le fentanyl
Autre point à l’ordre du jour : la lutte contre le trafic de fentanyl. Les deux gouvernements se sont engagés à intensifier leur coopération face à cette crise sanitaire majeure, qui touche sévèrement l’Amérique du Nord. Washington reproche régulièrement à Pékin et à Ottawa leur manque d’efficacité dans le contrôle des précurseurs chimiques produits en Chine.
Vers une normalisation prudente
Ce rapprochement reste fragile, mais marque un tournant après une période de gel diplomatique quasi-total. Les deux pays cherchent à équilibrer leurs différends commerciaux et politiques dans un contexte international de plus en plus polarisé.
Reste à voir si cette volonté d’apaisement se traduira par des actions concrètes, tant sur les plans économique, sécuritaire que diplomatique.

