Datée du 22 décembre 2025, une note explicative émanant du Consulat général d’Haïti à Santiago est venue éclairer, avec une précision chirurgicale, les circonstances entourant la visite privée de la famille de Son Excellence Emmanuel Vertilaire en République dominicaine. Plus qu’un simple rapport administratif, le document révèle les lignes de fracture entre devoir de service, hiérarchie politique et rigueur budgétaire.
Le consul y déroule une chronologie minutieuse : appel téléphonique reçu le 15 décembre, arrivée tardive de la famille à la frontière de Dajabón, impossibilité de compléter les formalités migratoires le jour même, puis décision de faciliter temporairement l’entrée et l’hébergement pour des raisons de sécurité. Chaque étape est justifiée, contextualisée, assumée.
Mais le cœur sensible du dossier surgit le lendemain. Informé d’une demande portant sur la location de quatre chambres dans un hôtel de catégorie Marriott et sur la mise à disposition de fonds pour des activités personnelles, le consul oppose un refus net. Motif invoqué : aucune ligne budgétaire ne permet de couvrir des dépenses liées à une visite privée ou touristique de membres de la famille d’un conseiller présidentiel. En tant qu’ordonnateur de fonds publics, il se dit tenu de respecter strictement les principes de bonne gouvernance, de transparence et de protection des ressources de l’État.
Loin d’un règlement de comptes, la note se veut un acte de reddition administrative. Elle pose néanmoins une question lourde de sens dans le contexte haïtien : jusqu’où un fonctionnaire doit-il aller pour satisfaire une autorité politique, et à partir de quel moment doit-il dire non ? À Santiago, la réponse est écrite noir sur blanc : l’État ne peut être confondu avec un portefeuille privé.

