La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de la violence sexuelle en période de conflit, Mme Pramila Patten, tire la sonnette d’alarme sur l’aggravation dramatique des violences sexuelles visant les femmes et les filles en Haïti, alors que les gangs armés multiplient leurs exactions.
Depuis le début de l’année, les cas de viols, notamment collectifs, se sont multipliés à un rythme alarmant. « Ces crimes odieux sont massivement commis dans les zones sous contrôle des gangs, là où l’État est absent. Le viol y est utilisé comme une arme pour dominer et punir les communautés », a déclaré Mme Patten. En plus des violences sexuelles, les victimes subissent enlèvements, meurtres, et exécutions sommaires. Le phénomène inquiétant de l’esclavage sexuel prend également de l’ampleur, illustrant la brutalité systémique à l’égard des femmes.
Mme Patten s’est jointe aux condamnations du Secrétaire général et du Conseil de sécurité face aux crimes de guerre perpétrés par les gangs, notamment la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Elle plaide pour le déploiement rapide de la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) et la stricte application des sanctions onusiennes, en particulier contre le trafic d’armes qui alimente cette violence.
Le contexte d’insécurité généralisée a entraîné des déplacements massifs et l’effondrement de services vitaux. Les structures de santé, souvent fermées pour cause d’insécurité, ne peuvent répondre aux besoins urgents des survivantes.
La récente création de deux Unités judiciaires spécialisées, dont l’une est dédiée aux crimes de masse tels que les violences sexuelles, est un pas décisif vers la justice. Mme Patten appelle l’État haïtien à les rendre opérationnelles rapidement et la communauté internationale à apporter un soutien financier et logistique accru.
« Il est impératif de briser le cycle de l’impunité pour restaurer la dignité et la sécurité des femmes et des filles en Haïti », a-t-elle conclu.