31 décembre 2025
Petit-Goâve à l’agonie : une ville trahie, une jeunesse debout
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Petit-Goâve à l’agonie : une ville trahie, une jeunesse debout

Par Delmondo Charlemagne

Petit-Goâve, l’un des plus anciens bastions historiques du pays, est aujourd’hui à genoux. Entre la démission de l’État et les soupçons de corruption, la ville survit grâce à l’engagement de ses jeunes. Retour sur une situation alarmante, mais pas sans espoir.

Une commune sans capitaine

Petit-Goâve, perle de la côte sud, longtemps considérée comme un joyau caché du tourisme haïtien, est désormais l’un des symboles les plus frappants de l’abandon étatique. Depuis plus d’une décennie, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour moderniser la ville, ni pour exploiter son potentiel historique et touristique.

Petit-Goâve évoque une vieille maison laissée à l’abandon, alors qu’elle recèle en réalité une véritable fortune culturelle et touristique. Depuis sa nomination en août 2023, le cartel intérimaire dirigé par Bertrand Subreme n’a entrepris aucune action concrète pour redonner vie à la ville. Pire encore, les membres de la commission semblent davantage préoccupés par des conflits d’intérêts que par le bien-être des citoyens. Les rues sont dans un état de délabrement avancé, et l’absence totale d’électricité accentue la misère.

« La mairie est totalement inaccessible. La ville est livrée à elle-même », déclare Makendy Zicout, PDG de Radio Béatrice, contacté par Rezonodwès.

Par ailleurs, des membres de la population dénoncent certains Petit-Goâviens actuellement au sein du gouvernement, qui ne posent aucun acte concret pour favoriser la nomination d’un cartel à la hauteur des attentes citoyennes, préférant au contraire soutenir l’équipe intérimaire actuelle, malgré son inaction manifeste.

40 millions décaissés, zéro impact

Le gouvernement central a pourtant débloqué plus de 40 millions de gourdes pour des projets d’assainissement dans le cadre du programme Gaye Pay. Mais aucune amélioration n’est visible sur le terrain.

Des voix de la société civile dénoncent une corruption généralisée au sein de l’administration communale, évoquant une dilapidation pure et simple des fonds publics. L’inquiétude grandit, tout comme la colère des citoyens.

Une jeunesse qui ne désarme pas

Heureusement, face à ce tableau sombre, la jeunesse locale prend les choses en main. Des initiatives citoyennes émergent, portées par une génération qui refuse de voir sa ville mourir.

Parmi elles, « Fyète Tigwav », une structure composée de jeunes et de membres de la diaspora, a récemment construit un panneau d’entrée et aménagé une place publique. Une action symbolique mais lourde de sens : remettre Petit-Goâve sur la carte du tourisme haïtien.

Autre initiative majeure : « Plezi Vakans », pilotée par Mackson Paul, qui organise chaque année le plus grand tournoi de football local. Une activité qui unit, distrait et inspire la jeunesse pendant les vacances estivales.

« C’est plus qu’un tournoi, c’est un souffle d’espoir pour la ville », nous confie un habitant.

Culture, art, citoyenneté : la riposte civile

Des structures telles que Chokreyol, Randevou, Retrouvay et le Collectif des Professionnels (CPRO) multiplient les activités éducatives et culturelles. Leur objectif : occuper sainement la jeunesse, la détourner des dérives et l’encourager à s’impliquer dans le changement local.

Un appel à l’unité

Les appels à la mobilisation se font de plus en plus pressants. La société civile, les jeunes, les leaders communautaires et la diaspora sont invités à s’unir pour reprendre en main le destin de Petit-Goâve.

« Il est grand temps que la ville retrouve sa dignité. Petit-Goâve doit renaître », conclut un membre de la jeunesse engagée.

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