Tulsa : un maire noir propose un fonds de 100 millions de dollars pour les descendants du massacre racial de 1921
Dans une initiative inédite, Monroe Nichols, premier maire noir de Tulsa (Oklahoma), a dévoilé la création d’un fonds fiduciaire privé de 100 millions de dollars destiné à financer des bourses d’études et des aides au logement pour les descendants des victimes du massacre racial de Tulsa, survenu en 1921. L’annonce a été faite au Greenwood Cultural Center, situé au cœur de l’ancien quartier afro-américain de Greenwood, jadis prospère avant d’être ravagé par une foule blanche armée.
Nichols évite toutefois le terme de « réparations », qu’il juge trop politisé, préférant parler de « voie vers la réparation ». Son plan n’inclut pas de versements directs aux descendants ni aux deux dernières survivantes centenaires du massacre. La majeure partie des fonds – environ 60 millions de dollars – serait affectée à la rénovation des infrastructures et à la revitalisation économique du nord de la ville.
« Ce que nous avons perdu à Greenwood, ce n’est pas uniquement une part de l’histoire afro-américaine, c’est aussi un avenir économique pour toute la ville », a déclaré le maire, évoquant la richesse commerciale du quartier avant sa destruction.
Le fonds, de nature privée, ne nécessite pas l’approbation du conseil municipal pour sa création, mais tout transfert de propriété municipale devra être validé par celui-ci. Nichols vise un objectif de 105 millions de dollars levés ou garantis d’ici au 1er juin 2026.
Cette proposition s’inscrit dans un contexte politique tendu, marqué notamment par des politiques nationales remettant en cause les programmes en faveur de la diversité. Nichols en est conscient mais affirme : « Cela ne change rien à la tâche qui nous incombe. »
Tulsa rejoint ainsi un nombre croissant de villes américaines qui explorent des formes de réparations non monétaires, à l’image d’Evanston (Illinois), qui a mis en place un programme d’aide au logement pour ses résidents noirs, financé par les taxes sur le cannabis.
Certains, comme Jacqueline Weary, petite-fille d’un survivant dont l’hôtel fut détruit en 1921, soulignent néanmoins les limites de cette approche. « C’était notre héritage. Et on nous l’a volé », dit-elle, appelant à une reconnaissance plus directe du préjudice subi.


