8 octobre 2025
Mission MSS : le plan de l’ambassadrice américaine Meg Whitman, conçu depuis Nairobi, appliqué par Ariel Henry et William Ruto en octobre 2023
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Mission MSS : le plan de l’ambassadrice américaine Meg Whitman, conçu depuis Nairobi, appliqué par Ariel Henry et William Ruto en octobre 2023

Mission MSS : Ariel Henry et William Ruto ont exécuté un plan conçu par l’ambassadrice Meg Whitman, selon Daniel Foote — la déclaration du Premier ministre haïtien réclamant une « force robuste » serait survenue peu après, sur recommandation de ses tuteurs diplomatiques.

Le 9 octobre 2023, l’ancien Premier ministre de facto Ariel Henry plaidait une fois de plus pour le déploiement d’une « force robuste » en Haïti, censée rétablir un semblant d’ordre dans un pays en proie à l’effondrement de ses institutions et à la prolifération des groupes armés. Présenté comme un appel national à l’aide, ce discours s’inscrivait en réalité dans une séquence diplomatique plus large, désormais éclairée par les révélations de l’ancien envoyé spécial des États-Unis en Haïti, Daniel Foote.

Dans une entrevue diffusée récemment dans le Michael Patrick Leahy Show, Foote affirme que cette mission de sécurité multinationale (MSS), confiée au Kenya, aurait été pensée, écrite et imposée par une actrice-clé : Meg Whitman, ambassadrice américaine à Nairobi. Selon lui, Mme Whitman serait allée jusqu’à rédiger elle-même l’accord de déploiement des policiers kényans en Haïti, avant même que le président William Ruto ne donne son approbation officielle. Cette affirmation, si elle est confirmée, relègue Ariel Henry au rang de simple relais exécutif d’une stratégie conçue ailleurs, dans le cadre d’un rapport de force asymétrique entre puissances.

Cette lecture n’est pas sans rappeler certaines pratiques classiques des interventions indirectes : une façade de coopération Sud-Sud masquant des intérêts Nord-Sud, des États faibles sollicités pour leur main-d’œuvre sécuritaire, et un leadership haïtien vidé de sa capacité d’initiative. Le discours d’Henry — répété, souligné, justifié dans les forums internationaux — s’inscrirait ainsi dans une chorégraphie diplomatique où les rôles sont distribués à l’avance.

Mais l’aspect le plus préoccupant soulevé par Daniel Foote demeure peut-être ailleurs : dans l’économie politique de cette mission. Pour lui, la MSS est une entreprise, un « business ». Les États africains qui y participent ne le feraient pas par solidarité internationale, mais pour les retombées financières promises. Le président Ruto, présenté comme un homme d’affaires de la diplomatie, y verrait un moyen d’accroître la visibilité du Kenya sur la scène mondiale, dans un calcul de rendements politiques et économiques.

La légitimité même de la mission s’en trouve fragilisée. Car si l’enjeu est d’« aider » Haïti, au nom d’une coopération solidaire, alors cette aide ne peut se fonder sur un rapport d’intérêts, encore moins sur une instrumentalisation du chaos haïtien. Si en revanche, comme le suggère Foote, la mission s’inscrit dans un système international où les missions de paix deviennent des marchés d’externalisation de la sécurité, alors la question de la souveraineté haïtienne et du consentement réel des populations se pose avec acuité.

Interrogé sur ces révélations, le secrétaire principal aux Affaires étrangères du Kenya, Korir Sing’oei, a rejeté catégoriquement les propos de Foote, les qualifiant de « sans fondement ». Silence, en revanche, du côté du bureau d’Ariel Henry. Le démentira-t-il à son tour ? Ou reconnaîtra-t-il, implicitement, n’avoir été qu’un acteur secondaire dans une mise en scène diplomatique savamment orchestrée ?

Exposed: Meg Whitman’s Role in Sending Kenya Police to Haiti

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