6 octobre 2025
La face cachée de Punta Cana : des femmes haïtiennes violées pour éviter d’être expulsées vers l’enfer d’Haïti
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La face cachée de Punta Cana : des femmes haïtiennes violées pour éviter d’être expulsées vers l’enfer d’Haïti

Le Conseil présidentiel de transition (CPT) transforme Haïti en un véritable enfer. En l’espace d’un an, la situation du pays s’est dramatiquement détériorée depuis l’arrivée de cette équipe de neuf membres. La corruption s’exerce désormais au grand jour, les « territoires perdus » ne cessent de se multiplier, et plusieurs conseillers-présidents sont publiquement accusés de malversations impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC).

Pendant que ces derniers s’affichent lors de rencontres officielles au sommet de l’État, la République Dominicaine, quant à elle, poursuit sa politique brutale à l’encontre des migrants haïtiens, traités comme du bétail. Aujourd’hui, aucun autre territoire au monde ne semble connaître un tel niveau de désintégration sociale, politique et institutionnelle. En Haïti, plus rien ne semble sacré : la Constitution elle-même est piétinée, notamment par Alix Didier Fils-Aimé, qui ne détient ni mandat électif, ni légitimité constitutionnelle.

La face cachée de Punta Cana : femmes haïtiennes victimes d’abus sexuels pour éviter l’expulsion, enfants déscolarisés

La politique migratoire renforcée du gouvernement dominicain, mise en œuvre à partir du 6 avril 2025, a précipité une crise humanitaire dans plusieurs communautés haïtiennes de Punta Cana, notamment dans les quartiers populaires de Friusa et Kosovo. Derrière les plages idylliques et les hôtels de luxe, des récits de violences sexuelles, d’intimidation et de déscolarisation émergent, révélant les effets délétères d’un appareil sécuritaire centré sur la chasse aux migrants.

Plusieurs témoignages recueillis par des organisations locales font état de viols systématiques perpétrés par des agents de migration en échange de la non-déportation. Ruth, réfugiée haïtienne en situation irrégulière, raconte les agressions à répétition qu’elle subit dès qu’un véhicule de la migration approche. D’autres femmes, telles qu’Abigail ou Esther, affirment avoir été contraintes à des actes sexuels sous menace d’expulsion, parfois sous les yeux de leurs enfants. Ces actes, rarement dénoncés par crainte de représailles et faute d’accès aux soins, illustrent une impunité structurelle. Le Collectif Migration et Droits Humains a signalé douze cas similaires au ministère public, sans qu’aucune mesure judiciaire n’ait été engagée.

L’impact des mesures migratoires va bien au-delà de l’espace privé : écoles désertées, petits commerces fermés, et chantiers ralentis. Dans les écoles communautaires, les absences massives d’élèves haïtiens illustrent une déscolarisation silencieuse. Dans la construction et l’agriculture, secteurs historiquement dépendants de la main-d’œuvre haïtienne, les employeurs tirent la sonnette d’alarme. « Sans les travailleurs haïtiens, le secteur s’effondre », déclare Eliseo Cristopher, président de la COPYMECON.

Cette politique de « dominicanisation » du travail s’accompagne d’une rhétorique nationaliste. Le président Abinader défend une ligne dure : construction d’un mur frontalier, déportations massives, restrictions dans l’accès aux soins publics. Selon Roudy Joseph, du collectif Haitianos RD, il s’agit d’une « politique de terreur », comparable aux méthodes des gangs que le gouvernement prétend combattre. Pour Elena Lorac, militante de Reconoci.do, « cette chasse au faciès vise à blanchir la société par la peur, dans une logique d’épuration ethnique héritée de la dictature trujilliste ».

Les conséquences sociales et économiques de cette politique commencent déjà à se faire sentir, alors même que le tourisme – moteur de 15 % du PIB – dépend largement du travail invisible et précarisé des migrants haïtiens. Un paradoxe lourd de contradictions pour un État qui aspire à projeter une image de stabilité et d’ouverture à l’international, tout en perpétuant, à ses marges, des pratiques proches de la persécution systémique.

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