Le double discours de EDE (Claude Joseph) et le référendum avorté du 11 mai 2025
1. Retour en 2021 : une tentative avortée sous Claude Joseph
En juin 2021, alors Premier ministre de facto du régime PHTK2, le Dr Claude Joseph s’était imposé comme l’un des principaux promoteurs du référendum constitutionnel porté par le président Jovenel Moïse. Ce projet, largement contesté tant sur le plan juridique que politique, avait été reporté à deux reprises par le CEP-Dermalog, une instance installée en marge de toute légalité constitutionnelle. Malgré les critiques virulentes de figures de l’opposition telles que Moïse Jean-Charles, Edmonde Supplice Beauzile ou encore André Michel, qui dénonçaient l’inconstitutionnalité flagrante de la démarche (notamment au regard de l’article 284.3 de la Constitution de 1987), Claude Joseph avait persisté à défendre cette initiative qualifiée de « bidon » par de nombreux secteurs, en dépit d’une absence manifeste de consensus national et d’un climat sécuritaire profondément instable.
2. 2025 : EDE dénonce aujourd’hui ce qu’il soutenait hier
Quatre ans plus tard, Claude Joseph, désormais à la tête du parti Les Engagés pour le Développement (EDE) — formation politique aux sources de financement opaques — adopte une posture critique à l’égard d’un processus référendaire analogue, cette fois initié par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), au sein duquel il aurait discrètement positionné plusieurs alliés. Dans un communiqué particulièrement acerbe, EDE déplore l’échec du référendum annoncé pour le 11 mai 2025, en dénonçant l’irréalisme du projet, le manque de légitimité du CPT et la persistance d’une insécurité chronique, amorcée bien avant le magnicide du 7 juillet 2021. Pourtant, ces mêmes arguments avaient été avancés dès 2021 par la société civile et de nombreux acteurs politiques pour s’opposer au projet référendaire promu par le gouvernement auquel appartenait Claude Joseph — des objections qu’il avait alors largement ignorées, voire méprisées.
3. Une critique sélective, empreinte d’amnésie politique
Cette volte-face soulève une question de cohérence politique. Peut-on dénoncer aujourd’hui les dérives institutionnelles d’un processus référendaire lorsque l’on a été soi-même l’un des architectes d’un précédent projet tout aussi illégal et discrédité ? Le silence d’EDE sur les responsabilités passées de son dirigeant principal trahit une volonté de se dissocier d’un échec antérieur sans en assumer les conséquences. Cette posture opportuniste mine la crédibilité du discours critique et expose le parti à des accusations de duplicité et de révisionnisme politique.
4. De l’échec au cynisme : une constante haïtienne
Le cas de Claude Joseph démontre, une fois de plus, la tendance marquée des acteurs politiques haïtiens woule’m de bò, à instrumentaliser les institutions selon les opportunités du moment. Que ce soit en 2021 ou en 2025, le constat reste le même : aucun projet référendaire ne peut réussir sans légitimité, sécurité, ni dialogue national sincère. L’alternance politique ne saurait masquer les continuités de méthode. Ce mimétisme d’échecs confirme que les ambitions constitutionnelles en Haïti, lorsqu’elles ne s’accompagnent pas d’un minimum de probité, relèvent plus de l’ingénierie politique que d’un réel souci démocratique.
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