par Jamesky Jeanty, Rèldouvanjou.
Il y a des jours où le silence cède sa place aux voix oubliées, aux mots qui résistent, aux rêves qui ne veulent pas mourir, aux tambours qui dansent au rythme des écumes. La Journée du livre n’est pas qu’un hommage à l’objet imprimé : c’est une célébration de la mémoire, de l’identité et de la parole vivante. Dans un pays où l’écrit est souvent relégué au second plan, où la parole populaire lutte pour trouver des pages à son image, des initiatives comme celle d’Espace de Réflexions, de Recherches et d’Action (ERRA) redonnent souffle à la littérature.
Sous le thème : « Lecture : connaissance de soi et réconciliation », inspiré du Gouverneur de la Rosée, œuvre emblématique de Jacques Roumain, ERRA a su montrer que les livres ne sont pas de simples objets, mais des êtres de papier chargés de lumière, porteurs de résistance et de liberté. En donnant la parole aux auteurs, en plaçant la lecture au cœur des échanges, l’organisation a fait vibrer les rues, les regards et les consciences.
Dans les regards curieux des enfants, dans les mains tremblantes des aînés, dans les voix passionnées des lecteurs, le livre s’est fait présence vivante. Cette journée, organisée avec ferveur par ERRA, a rassemblé autour du livre des générations souvent éloignées de l’écrit, mais jamais détachées du récit. Des ateliers de lecture, préalablement organisés par les lecteurs, sont venus embellir cette manifestation livresque, au cœur de la ville de Port-de-Paix, ce dimanche 27 avril 2025, à « Kay Frè a ».
Cette activité littéraire a follement rassemblé des amoureux des livres de toutes générations. Elle a été entrecoupée de performances poétiques et de débats sur l’importance de la mémoire écrite.
Ce n’est pas seulement la célébration du livre que cette journée a incarnée, mais une volonté plus grande : réaffirmer que la culture haïtienne se transmet aussi par la page, par l’encre, par l’imaginaire. ERRA, à travers ses multiples actions, rappelle que la littérature haïtienne est vivante, mouvante et profondément enracinée dans les réalités populaires.
En faisant vibrer les voix de papier, ERRA ne fait pas que célébrer la littérature : elle en fait une arme douce, une boussole culturelle, un acte de foi dans l’avenir. Là où tant de silences s’imposent, les mots prennent le relais. Là où la mémoire s’efface, les livres reconstruisent les ponts. Cette Journée du livre fut bien plus qu’un événement : elle fut un rappel. Un rappel que, même dispersée, même souvent négligée, la parole écrite haïtienne est encore debout, et elle chante.
Et tant que des organisations comme ERRA porteront cette flamme, les voix de papier continueront à chanter, pour aujourd’hui et pour demain.
Jamesky Jeanty, Rèldouvanjou.
