Depuis deux jours, des pluies diluviennes s’abattent sur le département du Sud, provoquant l’inondation de la ville des Cayes, chef-lieu du département. Les principales artères sont impraticables, des dizaines de maisons submergées, forçant de nombreux habitants à quitter précipitamment leur quartier, selon un responsable municipal. Malgré l’ampleur de la catastrophe, aucune déclaration d’état d’urgence n’a été émise par les autorités centrales à cette heure.
Cette situation dramatique survient dans un climat d’instabilité politique et sécuritaire marqué, notamment par un communiqué alarmant du directeur départemental de la police du Sud. Celui-ci évoquait une menace d’attaque contre des installations policières par des hommes liés à Guy Philippe — une accusation immédiatement rejetée par l’ancien chef rebelle, qui y voit une manœuvre politique montée contre lui.
Dans la soirée de samedi, la présidence a publié un communiqué sur l’évaluation de la situation politique du pays, sans toutefois mentionner la catastrophe naturelle en cours dans le Sud. Le silence officiel tranche avec l’ampleur des dégâts sur le terrain, alors même que l’électricité est coupée dans plusieurs quartiers de la ville des Cayes.
En toile de fond, la diplomatie haïtienne continue de susciter de vives interrogations. L’émissaire Smith Augustin, dépêché à Washington par le gouvernement de transition, aurait reçu pour mandat de discuter de la tenue d’élections et de mobiliser quelque 900 millions de dollars. Toutefois, selon des sources proches de l’ambassade d’Haïti dans la capitale américaine, M. Augustin n’a pris part à aucune rencontre diplomatique de portée significative. Il aurait plutôt profité d’un séjour récréatif, accompagné d’une délégation d’une dizaine de personnes, bénéficiant généreusement de per diem, aux frais d’un État en lambeaux.
Le début de cette semaine témoigne une fois de plus des dérives d’un appareil d’État visiblement dépassé par les urgences nationales : des catastrophes naturelles ignorées, des alertes sécuritaires laissées sans réponse, une diplomatie de façade plus prompte à produire des communiqués qu’à prendre des mesures concrètes. Une gouvernance qui persiste à se positionner en simple spectateur des crises, au lieu d’assumer pleinement son rôle d’acteur responsable et engagé.