Flash-back, 7 avril 1983
Je m’en souviens. Assis devant mon petit écran noir et blanc, à Gonaïves, j’ai vu l’urne de Toussaint Louverture débarquer à Port-au-Prince d’un avion en provenance de France. Le pays qui l’avait kidnappé à Gonaïves environ un an plus tôt et qui l’avait laissé mourir sans aucune forme de procès, dans un cachot, le 7 avril 1803. Ce jour-là, le président à vie d’Haïti, Jean-Claude Duvalier, et ses ministres d’Etat ont ramené du Fort de Joux ce qu’on annonçait comme les cendres de Toussaint Louverture. Une pincette de poussière, en vérité, ramassée là où le héros mourut, mais que le temps avait rendu méconnaissable.
L’urne a traversé la ville jusqu’au MUPANAH, musée flambant neuf, sous escorte et fanfare.
Ironie du sort, les Gonaïves avaient déjà un Musée des Héros de l’Indépendance depuis 1904, qui a disparu plus d’un demi-siècle plus tard dans l’oubli et l’indifférence des gouvernements de doublure, sous l’Occupation.
Reste cette scène, gravée en moi — et cette poussière, devenue symbole.
cba
acte de deces de Toussaint Louverture

