Jacmel, symbole d’échanges historiques et culturels, s’apprête à accueillir le président colombien Gustavo Petro pour une visite qui aura une résonance historique. Elle rappellera les liens profonds noués entre Haïti et les dirigeants sud-américains au cours de leurs luttes pour la liberté et l’indépendance. Deux figures se détachent particulièrement de cet héritage : Francisco de Miranda et Simón Bolívar, soutenus par Jean-Jacques Dessalines et Alexandre Pétion.
À la fin du XVIIIe siècle, Francisco de Miranda, précurseur des mouvements d’indépendance en Amérique latine, trouve en Haïti une source d’inspiration. Dessalines, leader de la révolution haïtienne, incarne l’idéal de liberté et démontre qu’un peuple soumis peut renverser l’ordre colonial. Le triomphe d’Haïti est devenu une source d’encouragement pour les révolutionnaires sud-américains, dont Miranda, qui rêvaient d’un continent libéré de la domination espagnole.
Quelques décennies plus tard, Simón Bolívar, le « Libertador » de l’Amérique latine, se réfugie en Haïti après des revers militaires. Alexandre Pétion, alors président de la jeune république, lui offre non seulement l’asile, mais lui fournit également des armes, des hommes et des fonds pour relancer sa lutte. En retour, Bolívar s’engage à abolir l’esclavage dans les territoires qu’il libère, une promesse qui fait écho aux idéaux universalistes de Pétion.
Ces moments historiques confirment le rôle central d’Haïti dans les luttes pour l’indépendance et la justice sociale sur le continent américain. En accueillant Gustavo Petro à Jacmel, Haïti ne célèbre pas seulement la coopération contemporaine, mais réaffirme aussi un héritage commun de solidarité et de résistance. Ce voyage est l’occasion de revisiter cette histoire commune et de renforcer les liens tissés dans le feu de la lutte pour la liberté.
Yvens Derival et Danise David Lejustal
