A l’aube d’un nouveau décaissement gouvernemental annoncé en faveur de la population, Haïti semble osciller entre espoir et désillusion. Selon le dernier rapport de Transparency International, Haïti affiche un score de 17 sur 100, se classant au 172ᵉ rang sur 180 pays, ce qui en fait l’un des pays les plus corrompus de la région. Le prochain rapport est attendu fin janvier 2025.
Sur fond de lutte sociale étouffante et d’insécurité galopante, la Primature promet un ambitieux projet d’allègement des souffrances des ménages pour la fin de l’année. Pourtant, cette annonce résonne d’une étrange familiarité, ravivant le souvenir d’initiatives antérieures qui n’ont jamais porté leurs fruits.
Ainsi il y a quelques mois, en pleine période de rentrée scolaire, des millions ont été débloqués pour soutenir les familles dans la scolarité de leurs enfants. Malgré l’urgence, se plaignent des parents, cette aide n’a jamais atteint un grand nombre de familles identifiées comme bénéficiaires, plizyè milyon goud fè wout krochi al nan pòch nèg ak fanm kap soutni KPT a Le projet, présenté en grande pompe, s’est heurté à une réalité opaque où la bureaucratie et le manque de suivi ont transformé la promesse sur le papier en pur mirage. Aujourd’hui, on ne peut que s’interroger : qu’adviendra-t-il de cette nouvelle somme, aussi substantielle soit-elle, dans un pays où la confiance dans les institutions s’effrite de jour en jour ?
Les besoins sont criants. Dans les rues des villes et des campagnes, les visages témoignent d’une lutte quotidienne pour la survie. Marchés désertés, enfants déscolarisés, files d’attente interminables devant les stations-service nous rappellent que l’urgence n’est pas une abstraction. Pourtant, cette misère visible contraste avec l’opacité des projets gouvernementaux, souvent évoqués avec de grandes ambitions mais rarement traduits en réalité tangible.
A une époque où l’insécurité ronge les espoirs les plus modestes, l’annonce de ce programme éveille autant de scepticisme que d’espoir. La promesse d’aides et de subventions intervient alors que la population, épuisée, n’attend que des preuves concrètes. Les critiques s’élèvent déjà, dénonçant un potentiel coup médiatique destiné à masquer des carences structurelles. Mais pour les plus vulnérables, chaque goutte d’aide est un rayon de lumière dans une obscurité omniprésente.
La Primature est par conséquent à un carrefour. Ce déboursement peut marquer une rupture salutaire, mais il peut tout aussi bien alimenter une spirale de frustration si les fonds s’égarent à nouveau tout droit dans des errements administratifs ou des intérêts particuliers. Face à une société où l’espoir s’épuise dans les promesses non tenues, cette initiative ne doit pas être une simple annonce, mais une action, visible, mesurable et surtout bénéfique pour ceux qui en ont désespérément besoin.
La fin de l’année voit les attentes se mêler à la crainte d’une nouvelle déception. Dans ce climat de doutes et de souffrances, l’État doit choisir entre continuer à nourrir l’amertume collective ou prendre enfin la mesure de sa responsabilité historique.
cba
