3 octobre 2025
Gouverner par les discours, survivre sous les tirs des gangs
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Gouverner par les discours, survivre sous les tirs des gangs

Entre les ruines de Port-au-Prince et les camps de déplacés, une seule question demeure : peut-on bâtir la paix sur les cendres de l’insécurité ?

En Haïti, les cris silencieux des déplacés se perdent dans les ruelles abandonnées de Port-au-Prince. Plus de 580 000 visages sans adresse, figures anonymes de l’exode imposé par des hommes armés qui s’arrogent désormais le titre de maîtres. Chaque pierre déplacée est un témoin, chaque maison incendiée est un tombeau. La ville, jadis vibrant cœur de la vie haïtienne, saigne sous l’emprise des gangs, démembrée par la violence brute et l’abandon politique.

Mais tandis que les flammes consument des quartiers entiers, quelques îlots de résistance apparaissent. À l’image des ateliers de l’UNESCO, où l’on soigne non pas les blessures visibles, mais celles qui rongent l’âme : l’effroi qui s’installe, l’impossible oubli des fuites nocturnes, des cris, et des portes fracassées. Là, dans une pièce où résonnent encore les voix brisées, des femmes réapprennent à respirer, à s’asseoir sans craindre la détonation. « Il faut réapprendre à exister », murmure Esther Josiane Mathelye, psychologue, les yeux humides d’avoir trop écouté la douleur des autres.

Le bruit des balles ne s’éteint pourtant pas. Il est là, à l’horizon, ponctuant de violence le discours des hommes politiques. Sur fond d’insécurité totale, le mot « élections » revient pourtant comme un refrain dissonant. Nouvelle Constitution, nouvelle gouvernance… autant de promesses murmurées dans les couloirs des ambassades et des forums internationaux, pendant que les rues vivent leur quotidien de feu et de sang. L’ombre de Barbecue et ses semblables plane sur une nation paralysée, comme un symbole de ce pouvoir en dérive, où seuls les plus armés dictent les règles.

En attendant, les déplacés errent. Ils reconstruisent des foyers précaires, là où la boue et le dénuement s’installent. L’espérance est un luxe que seule la force de l’esprit rend accessible. Les femmes, souvent en première ligne de cette souffrance, trouvent dans ces ateliers un espace de répit : des îlots de paix au cœur d’une mer de chaos.

cba

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