3 octobre 2025
Que le plus vertueux d’entre eux, le plus honnête, ose jeter la première pierre à Gilles, Augustin et Vertilaire
Actualités Cas d'assassinat Corruption Insécurité|Kidnapping Pages d'Histoire d'Haiti Société

Que le plus vertueux d’entre eux, le plus honnête, ose jeter la première pierre à Gilles, Augustin et Vertilaire

minute de la rédaction

Au cœur du drame tragique qui enveloppe Haïti, un pays pris en otage par ses propres contradictions, les figures emblématiques de l’appareil politique – anciens premiers ministres, ministres, parlementaires et alliés notoires des groupes armés – se retrouvent à apposer leurs signatures sur une note collective, comme pour se dérober aux responsabilités historiques qui leur incombent. Cependant, à de rares exceptions près, ces protagonistes, loin d’être des artisans de la reconstruction, demeurent profondément enracinés dans la spirale de la vague de violence qui accable la nation.

Leurs décisions, marquées par l’inaction ou l’opportunisme, n’ont en rien favorisé l’émergence d’une gouvernance saine. Bien au contraire, elles ont pavé la voie à l’effondrement systémique du pays, les plaçant moralement au même rang que les trois individus accusés de malversations à la Banque Nationale de Crédit (BNC), dont les agissements ont dévoilé l’étendue de la corruption et de la déliquescence institutionnelle. Ces signatures, loin d’être un geste salvateur, résonnent comme une tentative de réécriture hypocrite de leur propre rôle dans cette tragédie nationale.

Le scandale entourant la Banque Nationale de Crédit (BNC), impliquant Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, alors conseillers présidentiels, illustre tristement l’enracinement de la corruption au cœur des institutions de l’État haïtien. Accusés d’avoir exigé des pots-de-vin en échange de faveurs politiques, ces individus incarnent la déchéance morale qui frappe toute la classe dirigeante haïtienne. Ce sombre épisode éclaire les failles systémiques qui érodent la confiance du peuple dans ses dirigeants.

Par ailleurs, la coopération tacite, voire explicite, entre certaines autorités passées et actuelles et les groupes armés a considérablement amplifié le climat d’insécurité et la fragilité structurelle de la nation. Des enquêtes et témoignages révèlent des relations suspectes entre figures politiques influentes et chefs de gangs, permettant ainsi à ces derniers de consolider leur emprise sur d’importants axes du territoire national. Cette dynamique pernicieuse ne fait qu’aggraver une crise déjà profonde, où les frontières entre la gouvernance légitime et les pratiques criminelles s’effacent dangereusement.

Ainsi, les signataires de ladite note, en tentant de se dédouaner de leurs responsabilités, ne font que révéler leur hypocrisie. Leur moralité, comparable à celle des braqueurs de la BNC, est au plus bas, participant à plonger Haïti dans une crise profonde et durable.

Hormis quelques exceptions, comme le journaliste Clarence Rouinois, qui n’a jamais occupé de fonction officielle en Haïti, la quasi totalité des signataires est impliquée dans la crise actuelle. Claude Joseph, ancien Premier ministre, et le sénateur Saurel Hyacinte, par exemple, ont été des acteurs clés dans la mise en œuvre de politiques polluantes. Liné Balthazar, fondateur du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), se voit associé à la dilapidation des fonds PetroCaribe, contribuant à l’effondrement de l’économie du pays. André Michel, pour sa part, a collaboré avec le Premier ministre Ariel Henry sur les faux accords de 11 septembre 2021 et Tonton Nwèl 2022, jugés par beaucoup comme trompeurs et inefficaces.

Par conséquent, il est malhonnête pour ces personnes de signer des documents dénonçant des pratiques qu’elles ont elles-mêmes encouragées ou tolérées. Leur tentative de se présenter comme des parangons de vertu est une insulte à l’intelligence du peuple haïtien, qui souffre quotidiennement des conséquences de leur mauvaise gouvernance.

Si la voix populaire pouvait s’exprimer sans entraves, il est à parier qu’elle s’élèverait avec force pour dénoncer cette hypocrisie manifeste. Ces dirigeants, que d’aucuns qualifient de « leyadè », empruntant le terme incisif de Zachary Delva, tristement évocateur de leur héritage contesté, se doivent aujourd’hui d’assumer pleinement leur part de responsabilité dans le marasme national. Le temps est venu pour eux de céder leur place à une nouvelle génération de leaders, porteurs d’une vision de gouvernance intègre et résolument tournée vers le relèvement et le progrès de la nation haïtienne.

Enfin, une réflexion s’impose, Messieurs les prétendus « moralistes » : lequel parmi vous aura le courage d’affirmer haut et fort son refus de cautionner tout référendum constitutionnel, en reconnaissant que la Constitution de 1987, avec ses mécanismes d’amendement intégrés, est déjà une œuvre complète, suffisante et souveraine ? Qui, parmi vous, osera rompre avec les tentations du pouvoir, évitant ainsi que l’histoire ne vous taxe de naïveté, pour ne pas dire d’autre chose ?

Et si l’intégrité est une qualité que vous revendiquez, alors que le plus vertueux d’entre vous, le plus irréprochable, ose lancer la première pierre sur Gilles, Augustin et Vertilaire. Mais le ferez-vous, sachant que vos propres actes vous enchaînent au même cycle de compromission et de désaveu moral ? Le silence ou la complaisance ne serait alors qu’un aveu supplémentaire de cette complicité tacite qui continue de plonger Haïti dans l’abîme.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.