3 octobre 2025
Haïti : un plan d’action Fils-Aimé sans dispositif de sécurité clair ou une simple déclaration d’intention ?
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Haïti : un plan d’action Fils-Aimé sans dispositif de sécurité clair ou une simple déclaration d’intention ?

Le plan annoncé par la Primature s’inscrit dans une longue tradition de promesses gouvernementales visant à apaiser une opinion publique exaspérée.

La « Note de presse » publiée par la Primature le 12 décembre 2024, la enieme depuis juillet 2021, annonçant un plan d’action pour renforcer la sécurité et la justice en Haïti, démontre une nouvelle tentative des autorités de répondre à une crise qui s’aggrave. Cependant, ce plan, ambitieux dans sa forme, laisse planer plusieurs interrogations quant à son efficacité réelle et à sa mise en œuvre dans un contexte où l’Etat peine à rétablir son autorité.

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a insisté sur les « mesures fortes » pour protéger les populations touchées par les actes de banditisme. Ce langage, souvent repris dans les discours officiels, masque mal la réalité. Les massacres rapportés à Wharf-Jérémie, Petite Rivière de l’Artibonite et ailleurs ne sont pas des événements isolés, mais le symptôme d’une défaillance systémique. Le Premier Ministre exprime ses sympathies aux familles des victimes, mais l’histoire de ces plans de sécurité reflète la continuité de l’inaction.

Le concept de « mobilisation collective » formulé dans ce communiqué de presse reste ambigu. Si l’intention est tout à fait louable, elle ne propose pas de cadre clair ni de stratégies concrètes pour rendre cette mobilisation opérationnelle. Alors que les forces armées et la police nationale sont sous-équipées et infiltrées par les gangs eux-mêmes, il est illusoire de croire qu’une extension des capacités opérationnelles sur l’ensemble du territoire puisse être efficace sans des réformes structurelles profondes.

Ce plan, bien qu’il souligne le soutien aux victimes et aux entrepreneurs touchés, reste axé sur la gestion des conséquences. Les causes profondes de l’insécurité — pauvreté endémique, chômage massif, corruption systémique, et faiblesse institutionnelle — ne sont pas abordées. Un véritable plan d’action devrait intégrer des réformes globales, notamment dans les secteurs de la justice, de l’éducation, et du développement économique, afin d’assécher les sources d’alimentation des gangs armés.

Les solutions sécuritaires ne peuvent suffire si elles ne s’accompagnent pas d’un dialogue inclusif avec les différents acteurs de la société civile, les groupes communautaires, et les partenaires internationaux. Le silence autour de ces dimensions reflète une politique encore trop centralisée et déconnectée des réalités locales. Une telle omission compromet toute chance de légitimité et d’adhésion de la population.

Face à une insécurité généralisée, la population haïtienne, désillusionnée par des années de promesses non tenues, exige désormais des résultats tangibles. Ce plan d’action, bien qu’il prétende tracer une nouvelle voie, ne propose aucun mécanisme clair pour mesurer son impact ou assurer un suivi rigoureux. Il risque ainsi de n’être qu’un exercice de communication sans impact réel sur le quotidien des citoyens.

cba

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