Le 11 novembre 2024, de nouvelles vagues de violence orchestrées par des gangs dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont provoqué le déplacement de 40 000 personnes supplémentaires, selon les données de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Cette crise humanitaire, la plus grave enregistrée dans la région depuis que l’OIM a commencé à suivre les déplacements en janvier 2023, illustre l’intensification du chaos sécuritaire.
Pour de nombreuses familles, ce n’est pas la première fuite. Certaines, contraintes de quitter leur domicile pour la deuxième ou troisième fois, ont trouvé refuge dans des sites improvisés. Sur le terrain, 19 nouveaux sites de regroupement ont été créés tandis que 21 autres ont été abandonnés en raison de l’insécurité. Ces migrations internes révèlent la précarité extrême dans laquelle s’enfonce la population, déjà privée d’un accès durable aux services de base.
Face à l’urgence, 40 partenaires humanitaires ont coordonné une réponse multisectorielle incluant :
- des abris d’urgence ;
- la protection des enfants ;
- des interventions en sécurité alimentaire ;
- la lutte contre les violences basées sur le genre ;
- l’accès à l’eau, à la santé et à la nutrition, grâce notamment à des cliniques mobiles.
Ces actions ont été renforcées par l’activation de fonds flexibles d’ECHO (Crisis Modifiers), démontrant une réactivité accrue des donateurs face à une situation évolutive.
Cependant, la violence entrave gravement les opérations humanitaires. L’attaque sur une ambulance de Médecins Sans Frontières (MSF) le 11 novembre, au cours de laquelle au moins deux patients ont été exécutés et le personnel médical agressé, a conduit l’ONG à suspendre ses activités dans la capitale. Cette décision, bien que nécessaire pour la sécurité des équipes, a des répercussions dramatiques sur l’accès aux soins dans un pays où le système de santé est en quasi-effondrement.
Les événements récents soulignent une dégradation continue de la situation sécuritaire et humanitaire en Haïti. Les cycles de violences, l’absence d’autorité étatique effective, et l’impact direct sur les acteurs humanitaires exacerbent la détresse des populations. Si la communauté internationale et les autorités locales ne trouvent pas de solutions structurelles et durables, Haïti risque de s’enfoncer davantage dans une crise humanitaire chronique.
Une analyse de la gestion des docteurs Ariel Henry et Garry Conille, tous deux médecins ayant occupé le poste de Premier ministre d’Haïti, dévoile un échec considérable dans l’amélioration du système de santé du pays. Sous le mandat du Dr Henry, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), familièrement appelé Hôpital Général, a fermé ses portes le 29 février 2024 en raison de l’insécurité croissante et de l’occupation des lieux par des bandes armées en mission.
Cette fermeture a privé la population d’un accès essentiel aux soins de santé, aggravant une situation sanitaire déjà précaire.
Le Dr Garry Conille, nommé Premier ministre en mai 2024, n’a pas rouvert l’hôpital général malgré des déclarations publiques promettant une réouverture imminente. Nad marinad.
Malgré une intervention de la police nationale haïtienne en juillet 2024 pour reprendre le contrôle de l’établissement, l’hôpital est resté fermé et les promesses de réouverture n’ont pas été tenues.
Ces échecs successifs confirment l’inefficacité de la gestion du secteur de la santé par les deux dirigeants, malgré leur formation médicale. L’incapacité à sécuriser les infrastructures de santé et à assurer la continuité des services de santé reflète un décalage entre les promesses politiques et les actions concrètes nécessaires pour répondre aux besoins urgents de la population haïtienne.
Les efforts déployés par les partenaires internationaux sont-ils suffisants face à l’ampleur du désastre ? L’inaction prolongée des élites locales ne contribue-t-elle pas à prolonger cette crise ? Autant de questions qui interpellent sur la responsabilité collective face au drame haïtien.